Le président Barack Obama a accusé mercredi Mitt Romney de «tirer d'abord et viser ensuite» en matière de politique étrangère, après que son adversaire républicain eut critiqué la réaction de l'administration à des attaques anti-américaines en Libye et en Egypte.

«Il y a une leçon à tirer de cette affaire: on dirait que le gouverneur Romney a tendance à tirer d'abord et viser ensuite», a déclaré M. Obama dans un entretien à la chaîne CBS, une réaction particulièrement cinglante, même à l'échelle d'une campagne présidentielle acharnée.

«En tant que président, l'une des choses que j'ai apprises est que l'on ne peut pas faire cela. Il est important de s'assurer que les déclarations que vous effectuez sont soutenues par les faits, et que vous avez pensé à toutes les conséquences avant de les prononcer», a poursuivi M. Obama.

Ces déclarations ont été lues, avant leur diffusion par CBS, aux journalistes dans l'avion Air Force One par le porte-parole de M. Obama, Jay Carney.

Ce dernier a aussi dit que M. Obama avait parlé au téléphone avec des membres des familles de deux des quatre Américains tués dans l'attaque du consulat des États-Unis à Benghazi dans l'est de la Libye, dont l'ambassadeur Chris Stevens.

Plus tôt mercredi, M. Romney a réitéré ses critiques contre la réaction de l'administration Obama aux manifestations violentes, qui ont eu lieu la veille devant l'ambassade américaine au Caire, évoquant l'envoi de «signaux ambigus».

Le républicain évoquait en particulier un communiqué de l'ambassade des États-Unis au Caire qui condamnait le film à l'origine des manifestations en Égypte et en Libye. Il avait déjà critiqué la réaction de l'administration Obama mardi soir.

Pour le rival de Barack Obama dans la course à la Maison-Blanche, l'administration du président démocrate sortant a commis «une erreur» en publiant un communiqué «solidaire envers ceux qui s'étaient introduits dans notre ambassade en Egypte au lieu de condamner leurs actes».

Il a aussi répété ses critiques à l'encontre de la première réaction américaine aux manifestations en Égypte, estimant qu'il «n'est jamais trop tôt pour l'administration américaine pour condamner des attaques menées contre des Américains et pour défendre nos valeurs».

Le candidat républicain à la présidentielle du 6 novembre avait déjà qualifié de «honteuse» la réaction du gouvernement Obama aux attaques antiaméricaines des islamistes en Égypte et en Libye, dans un communiqué diffusé mardi soir.

Ces déclarations semblent surtout avoir donné un nouvel angle d'attaque à M. Obama contre son adversaire sur le thème de la politique étrangère, un exercice auquel le président s'est adonné sans relâche ces derniers mois.

«On n'est peut-être pas prêt à la diplomatie avec Pékin si l'on ne peut pas se rendre aux jeux Olympiques sans insulter notre allié le plus proche», avait ainsi lancé il y a une semaine M. Obama lors de la convention démocrate de Charlotte, en Caroline du Nord, allusion à une visite effectuée par M. Romney fin juillet à Londres au cours de laquelle il avait piqué au vif la fierté de ses hôtes par des déclarations sur l'impréparation des JO.

Dès le 8 décembre 2011, M. Obama avait répondu aux républicains, dont Mitt Romney, qui l'accusaient d'«apaisement» envers les pays ennemis des Etats-Unis: «Demandez à Oussama ben Laden et aux 22 dirigeants d'Al-Qaïda sur 30 qui ont été mis hors d'état de nuire, si je pratique l'apaisement!», avait-il rétorqué lors d'une conférence de presse.