Passons sur le fait que Barack Obama avait affirmé n'avoir aucune intention de suivre la convention républicaine de Tampa. Son commentaire sur ce que Mitt Romney et ses alliés ont dit la semaine dernière le place devant une contradiction plus importante encore.

«Ce qu'ils ont proposé le plus souvent, au cours de ces trois jours, c'est un programme qui conviendrait mieux au siècle dernier», a déclaré le président, dimanche, lors d'un discours en Iowa.

Il faut croire que Barack Obama ne rejette pas tout ce qui vient du passé. Car c'est à un homme du siècle dernier qu'il fera appel demain soir à Charlotte pour défendre son programme.

Cet homme s'appelle Bill Clinton, et son rôle d'orateur principal à la deuxième soirée de la convention démocrate est à la fois un pari risqué pour le 44e président et un hommage que savoure le 42e, dont l'élection à la Maison-Blanche remonte à 1992.

Le pari tient en partie aux comparaisons qui peuvent être établies entre la gestion économique de Bill Clinton et celle de Barack Obama.

«Après quatre années de déficits de 1000 milliards de dollars et une croissance économique anémique, il est évident que le président Obama aimerait faire campagne en s'appuyant sur le bilan du président Clinton à la Maison-Blanche, a déclaré Ryan Williams, porte-parole de Mitt Romney. Mais aucune mise en scène ne peut faire oublier la différence entre ces deux présidents.»

Le risque participe aussi de la relation ambiguë qu'entretiennent Barack Obama et Bill Clinton. Dans le numéro courant de l'hebdomadaire The New Yorker, le journaliste Ryan Lizza qualifie cette relation de «quasi-amitié» et glisse une information qui a dû irriter les conseillers du président.

Douglas Band, le conseiller politique le plus proche de Bill Clinton, a annoncé à son entourage qu'il voterait pour Mitt Romney en novembre. Ce choix ne serait pas étranger au calcul suivant: une défaite de Barack Obama serait avantageuse pour les ambitions présidentielles de Hillary Clinton, qui deviendrait dès lors le leader de facto du Parti démocrate.

Au moment d'écrire ces lignes, Bill Clinton était le seul orateur de la convention démocrate à ne pas avoir remis le texte de son discours à l'entourage de Barack Obama. Ce dernier doit évidemment espérer que l'ancien président ne fera rien pour lui nuire, et surtout qu'il ne se mettra pas à parler à une chaise vide.

En attendant, Marisa Richmond fait partie des délégués démocrates à Charlotte qui ne voient aucune contradiction entre les critiques de Barack Obama à l'égard des républicains et son appel à Bill Clinton.

«La convention républicaine était bel et bien une reprise des politiques ratées de Bush, a déclaré cette enseignante de la Middle Tennessee State University. Avec Bill Clinton, nous vivions en paix. Nous avions une économie forte. Il a équilibré le budget. Nous avions des surplus budgétaires. Nous progressions dans la bonne direction. Pour ces raisons, sa présence à Charlotte est justifiée.»