À l'issue de la convention républicaine de Tampa, la question qui tue ne fait pas de doute: à quoi pensaient les stratèges de Mitt Romney qui ont donné carte blanche à Clint Eastwood?

Pour celles et ceux qui n'ont pas vu le dialogue entre le populaire acteur et... une chaise sur laquelle était prétendument assis Barack Obama (invisible), sachez que la performance de 12 minutes se résume en un mot: flop.

Pour Eastwood, évidemment. Les critiques les plus tendres ont affirmé qu'il s'agissait de son pire numéro d'acteur depuis le navet Space Cowboy. Mais encore plus pour Romney.

Hier, les médias américains parlaient autant de la mise en scène surréaliste - et parfois vulgaire - de l'acteur que du discours du candidat républicain, prononcé quelque 20 minutes plus tard. Ce n'était guère mieux sur les réseaux sociaux. Un compte Twitter au nom de la fameuse chaise a même été lancé.

Romney n'avait surtout pas besoin qu'un homme invisible tout droit sorti de l'imagination fertile d'un acteur lui vole la vedette.

Tu m'aimes-tu

S'il fallait coiffer du titre d'une chanson le discours d'investiture d'un candidat à la présidence comme celui de Mitt Romney, il faudrait opter pour Tu m'aimes-tu?

Ce discours est souvent LE moment pour un candidat de convaincre les Américains qu'il a l'étoffe d'un président et qu'on peut lui faire confiance.

De nos jours, le résultat d'une convention est aussi prévisible que celui d'une course de 100 mètres à laquelle participe Usain Bolt. C'est le cas depuis plusieurs décennies. Mais le discours d'investiture est néanmoins, tous les quatre ans, un rendez-vous incontournable entre le candidat et les électeurs.

Des dizaines de millions d'Américains regardent la télé ce soir-là et se comportent comme des juges lors d'une compétition de gymnastique. Ils sont attentifs et implacables.

Ce rendez-vous était cette fois d'autant plus crucial pour Mitt Romney qu'il est loin d'avoir le capital de sympathie de son rival démocrate. Les sondages se suivent et se ressemblent à ce sujet.

Romney n'est pas un robot

Sur scène, contrairement à Clint Eastwood, Mitt Romney s'est bien débrouillé. Il a su expliquer pourquoi il veut devenir président. Même s'il ne sera jamais aussi à l'aise que Barack Obama derrière un micro, il a trouvé le ton juste pour se raconter. Il a enfin prouvé qu'il n'est pas un robot dénué d'émotions.

Ce n'était toutefois pas un discours passionnant. En fait, aucun des discours de la convention de Tampa ne passera à l'histoire. Même si ceux d'Ann Romney, du candidat à la vice-présidence Paul Ryan et de l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice ont été perçus par plusieurs comme de francs succès.

La convention républicaine ayant tenu le haut du pavé presque toute la semaine aux États-Unis, Mitt Romney pourrait - malgré Clint Eastwood - grimper un brin dans les sondages. À tout le moins jusqu'au début de la convention démocrate de la semaine prochaine en Caroline-du-Nord.

Vous aimeriez tout de même savoir, à la lumière de cette convention, ce que répondra l'électeur américain quand Mitt Romney lui demandera à nouveau «Tu m'aimes-tu?» lors du scrutin de novembre?

Chut... Cet électeur ne veut pas être dérangé. Pour l'instant, il a la tête ailleurs et un large sourire éclaire son visage. Il est assis devant son ordinateur en train de regarder, en boucle, la performance de Clint Eastwood.