Quel est le lien entre le républicain Mitt Romney, l'immigration illégale, les sous-vêtements roses et les éléphants?

Une seule réponse possible: Joe Arpaio. Le shérif de l'Arizona, qui a offert son soutien à Mitt Romney, prononcera aujourd'hui un discours à Tampa dans le cadre de la convention républicaine.

Mais pas sur les lieux de l'événement: il rencontrera plutôt les délégués au zoo de Tampa, près de l'enclos des éléphants (l'animal est le symbole du Parti républicain).

L'homme a le sens du spectacle. Il aime répéter qu'il est le shérif le plus tough du pays - notamment parce qu'il force les détenus à porter des sous-vêtements roses et à vivre sous des tentes, même quand la température est insoutenable.

Lorsqu'il n'est pas en train d'imaginer de nouveaux moyens d'humilier les prisonniers, il dénonce l'immigration illégale avec fermeté et vante ses méthodes musclées pour la contrer.

«C'est un problème international, un problème économique, un problème de sécurité publique, un problème diplomatique et, par-dessus tout, un problème politique», a affirmé hier le shérif controversé. En prévision de son discours d'aujourd'hui, il a rencontré les journalistes au centre des congrès de Tampa.

La présence de Joe Arpaio à un événement lié à la convention est un des symptômes du mal qui afflige le Parti républicain lorsqu'il est question de séduire les électeurs hispanophones. Le shérif est actuellement devant les tribunaux - il est accusé d'abus de pouvoir et de discrimination à l'égard des latinos en Arizona.

Complet bleu, cravate aux couleurs du drapeau américain, l'octogénaire s'est défendu avec vigueur. «Je suis pour l'égalité des chances. Je mets tout le monde derrière les barreaux», sans discrimination, a-t-il lancé.

Sa suffisance - il est une vedette médiatique et il le sait - est atténuée par son sens de l'humour et son franc-parler. Il s'est notamment moqué des sondages qui prétendent que Mitt Romney récoltera l'appui de moins de 30% des latinos le jour du scrutin.

Ceux qui sont aux États-Unis de façon légale ne seront pas effarouchés par les propos durs tenus par les ténors républicains dans le dossier de l'immigration, a-t-il assuré. Parce que, selon lui, ces hispanophones «n'aiment pas, eux non plus, les immigrants illégaux qui viennent dans ce pays pour prendre leurs emplois».

Le shérif a été plus discret sur ses récentes allégations sulfureuses au sujet de l'acte de naissance de Barack Obama. Il a déjà affirmé publiquement que ce document est «frauduleux».

Il a même expédié une équipe d'enquêteurs à Hawaii pour faire la lumière sur le sujet, a-t-il dit jadis. Mais hier, il n'a pas voulu en rajouter, sous prétexte de ne pas vouloir «faire de la politique».

Puis son sens du spectacle a repris le dessus. Il a plissé les yeux, baissé la voix et, sourire en coin, il a laissé entendre que le président démocrate n'allait pas s'en tirer à si bon compte. «Restez à l'écoute...», a-t-il lancé aux journalistes.