Ann Romney n'a jamais eu peur des défis. Elle a sacrifié sa carrière pour élever ses cinq fils. Elle s'est convertie au mormonisme à l'adolescence. Elle a lutté contre le cancer du sein et la sclérose en plaques.

Tard mardi soir, le défi qu'elle devait relever était d'un tout autre ordre. Il lui fallait à la fois voler la vedette à Isaac (elle a mentionné l'ouragan d'entrée de jeu) et rendre son mari plus humain aux yeux des Américains. Ce dernier avait officiellement été désigné, quelques heures plus tôt, candidat du Parti républicain à la Maison-Blanche.

«Je peux me tenir debout ici ce soir, en tant que femme, mère et grand-mère, et vous promettre solennellement que cet homme n'échouera pas. Cet homme ne nous laissera pas tomber», a-t-elle lancé au cours d'une allocution de la plus haute importance, prononcé au Tampa Bay Times Forum.

Tout sourire, resplendissante dans une robe rouge, presque plus naturelle sur scène que son mari l'est généralement, elle a fait l'éloge de celui-ci avec passion.

Elle a parlé de leur «vrai mariage», l'opposant à l'idée d'un mariage parfait. De «l'amour profond» de son mari pour ses enfants et son pays. Du fait que Mitt Romney avait su la faire rire dès le début de leur relation et qu'il y arrivait encore.

«Regardez dans vos coeurs. C'est notre pays. Notre avenir. Nos enfants et petits-enfants. Vous pouvez faire confiance à Mitt», a-t-elle dit.

Son défi était de prouver que son mari n'est pas un «robot», terme utilisé par plusieurs médias pour souligner à quel point Mitt Romney manifeste peu d'empathie.

Elle a non seulement rempli sa mission, mais a en outre profité de l'occasion pour courtiser les femmes, électorat qui, jusqu'ici, est beaucoup plus favorable à Barack Obama.

«Femmes, je vous aime et j'entends vos voix», a-t-elle dit. «Vous êtes ce que l'Amérique a de mieux.»

Ann Romney a même tenté de désamorcer les attaques démocrates menées contre Mitt Romney en raison de sa fortune. «Voulons-nous que nos enfants aient peur du succès?», a lancé celle qui souhaite remplacer Michelle Obama à la Maison-Blanche.

Le défi était d'autant plus ardu que la plupart des médias américains avaient braqué leurs projecteurs sur la Louisiane tout autant que sur la convention républicaine. Au moment de mettre sous presse, l'ouragan Isaac venait de toucher terre.

Les stratèges républicains souhaitaient que l'ouragan ne relègue pas à nouveau leur convention au second plan (ils auront la réponse à cette question aujourd'hui, au réveil).

Affaires pressantes

Les quelque 4400 délégués ont d'ailleurs rapidement réglé les affaires pressantes mardi : Ils ont officiellement donné leur appui à Mitt Romney pour qu'il puisse affronter Barack Obama en novembre. Et ils ont investi le parlementaire Paul Ryan candidat à la vice-présidence.

Au programme figurait aussi le discours du gouverneur du New Jersey, Chris Christie, qu'on pressait jadis de se présenter contre Mitt Romney. Les délégués ont également réservé un accueil chaleureux à un autre ancien rival de Mitt Romney, Rick Santorum, ainsi qu'à Artur Davis, politicien qui avait soutenu Barack Obama en 2008.

Bon nombre de ténors du parti ont titillé les spectateurs lors de leurs discours en abordant le thème de la soirée: «We Built That». Un thème choisi en référence à une remarque de Barack Obama, qui avait lancé le mois dernier: «Si vous avez une entreprise, ce n'est pas vous qui avez construit cela.» Le président tentait d'expliquer à quel point l'aide du gouvernement est essentielle. «Quelqu'un a investi dans des routes et des ponts», avait-il ajouté. La remarque a néanmoins piqué au vif bon nombre de républicains et est sans cesse utilisée pour dénigrer le président démocrate.