Les républicains ont choisi la ville de Tampa, en Floride (sud-est), pour leur 40e convention nationale, non pas pour sa proximité de la mer, mais sans doute parce que cet État joue traditionnellement un rôle clé dans l'élection présidentielle américaine.

Près de 50 000 personnes, notamment des journalistes, délégués et invités de marque, sont attendus à la convention nationale du Parti républicain du 27 au 30 août à Tampa, dans le but d'investir officiellement Mitt Romney en tant que candidat au scrutin du 6 novembre face au démocrate Barack Obama.

La Floride, destination dorée de millions de retraités américains, est aussi le bastion des immigrés cubains qui, historiquement, votent républicain, et le fief de nouvelles communautés hispaniques comme les Portoricains, qui penchent autant pour les républicains que pour les démocrates.

«Malgré ses problèmes économiques et un taux de chômage élevé, la Floride reste un grand État riche et une belle tirelire pour les candidats (à la présidentielle) en manque d'argent», affirme Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie.

Le choix de Tampa pour la convention républicaine, face à Salt Lake City en Utah (ouest) et Phoenix en Arizona (sud-ouest), était donc une évidence, selon M. Sabato.

«C'est difficile d'envisager que Romney puisse gagner l'élection sans venir en Floride. Ses 29 Grands Électeurs, qui choisiront ensuite le président des États-Unis, sont cruciaux pour la victoire», explique-t-il.

Pour accéder à la Maison-Blanche, le candidat à la présidentielle doit remporter la majorité des 538 Grands Électeurs du territoire, attribués État par État.

Aucune tendance claire

La Floride est du coup un État clé pour Mitt Romney, qui est distancé au niveau national par Barack Obama, même s'il le talonne en Floride, selon les sondages.

Les enquêtes d'opinion au niveau national créditent M. Romney de 39 à 47% des intentions de vote, contre 46 à 52% pour M. Obama.

En Floride toutefois, le président sortant compte seulement trois points d'avance (49%-46%). Mitt Romney apparaît même en tête des intentions de vote chez les hommes (51%-45%) et les personnes âgées (55%-42%), qui sont nombreux dans le «Sunshine State».

Mais Mitt Romney reste battu dans d'autres États indécis comme l'Ohio, la Virginie, l'Iowa, le Wisconsin et le Michigan, selon le site spécialisé Real Clear Politics.

Carol Weissert, professeur de sciences politiques à l'université de Floride, rappelle que Barack Obama a gagné de peu cet État en 2008 grâce à «une forte participation des jeunes et des démocrates» et il «devra encore le faire pour gagner en 2012».

D'autres États comptent aussi beaucoup de Grands Électeurs, tels la Californie (55), le Texas (38) et New York (29), mais la Floride est le seul où aucune tendance de vote claire ne se dégage et où la diversité démographique en fait une terre clé de la bataille électorale.

Sur 19 millions d'habitants, la Floride compte 17,6% de personnes de plus de 65 ans, davantage qu'au niveau national (13,3% selon le recensement de 2010). L'État compte 78,5% de blancs et 16,5% de noirs. Quant au pourcentage de personnes d'origine latino-américaine, il s'élève à 22,9%.

«Tampa est très représentative de cette diversité», note Susan McManus, de l'Université de la Floride du Sud, pour qui la Floride est un État «incontournable» pour accéder à la Maison-Blanche.

Mais Larry Sabato doute que la Floride soit aussi cruciale qu'en 2000, quand la course à la présidentielle entre le républicain George W. Bush et le démocrate Al Gore s'était muée en film à suspense pendant le décompte des voix pour départager les deux candidats. L'affaire s'était alors réglée devant la Cour suprême.

Cette année, «l'Ohio et la Virginie pourraient être davantage clés», prédit-il.