Wall Street accueillait lundi avec un certain enthousiasme le choix du chantre du conservatisme fiscal Paul Ryan pour accompagner le candidat Mitt Romney dans sa course à la Maison-Blanche, mais s'interrogeait sur sa capacité à faire gagner des voix.

Si de nombreux acteurs de la place new-yorkaise saluaient un choix qui replaçait au coeur du débat des thèmes chers à Wall Street, tels que la réduction du déficit budgétaire et de la dette faramineuse de l'État américain, l'humeur restait prudente.

«Wall Street tend à pencher vers le conservatisme fiscal, donc cela ne peut qu'aider, mais nous ne sommes pas certains que M. Ryan va aider M. Romney à attirer les votants indécis, et donc nous ne sommes pas certains qu'il va beaucoup l'aider en termes d'éligibilité», pointe Christopher Low, stratège de FTN Financial.

A la tête de la très influente commission du Budget depuis début 2011, le représentant du Wisconsin «fait partie intégrante des cercles politiques de Washington et il sait comment cela marche là-bas» pour se faire entendre, souligne de son côté Sam Stovall, de Standard and Poor's Capital IQ.

Avec un tel homme aux côtés du prétendant républicain à la Maison-Blanche, «nous avons un homme politique compétent associé à un homme d'affaires compétent et cela fait un ticket solide» et rassurant dans le contexte d'une reprise lente de l'économie américaine, ajoute-t-il.

D'autant plus que «les investisseurs américains sont obsédés par la question du budget», ajoute M. Low. «Notre grande peur est que les spéculateurs commencent à traiter les États-Unis comme les États européens qui sont en proie à des difficultés budgétaires», en faisant bondir les taux d'intérêt des obligations du pays.

«L'impact économique en serait terrible, et les conséquences sur les marchés, épouvantables», dit encore M. Low.

En outre, M. Ryan «amène un peu de charisme dans le ticket républicain et il déplace la discussion vers les programmes, plutôt que sur les personnes», reconnaît Gregori Volokhine, président de Meeschaert New York.

Mais selon lui, si M. Ryan est «globalement bien vu par Wall Street», son plan d'assainissement des finances publiques «reste vague», notamment du côté de la «suppression annoncée de certains avantages fiscaux», nuance-t-il. «Beaucoup de choses dans son programme ne semblent ni crédibles, ni réalisables», regrette-t-il.

En outre, les profondes coupes budgétaires voulues par l'élu du Wisconsin pour remédier à ce que son parti appelle des niveaux insoutenables de dette et de dépense publiques américaines, notamment dans «les infrastructures ou les dépenses sociales, ne sont pas très porteuses pour la consommation, ou la croissance», poursuit le stratège.

«Nous ne connaissons pas encore les détails du programme budgétaire» du ticket républicain, souligne M. Stovall, qui rappelle que l'ancien gouverneur du Massachusetts, qui s'exprimait dimanche sur la chaîne CBS, a refusé de reprendre ouvertement à son compte le programme d'austérité de M. Ryan.