Mitt Romney ne revient pas en héros de sa tournée internationale, marquée par des déclarations controversées lors de l'étape londonienne et en Israël, mais cela ne devrait pas influer sur le résultat de la présidentielle américaine.

Le candidat républicain multimillionnaire comptait sur sa tournée au Royaume-Uni, en Israël et en Pologne, tous d'importants alliés des États-Unis, pour se forger une stature d'homme d'Etat et amener les médias à parler d'autre chose que de sa fortune et de ses déclarations d'impôts.

Malheureusement pour lui, sa visite à Londres a surtout été marquée par la réaction outrée des Britanniques aux critiques qu'il a formulées à l'égard de l'organisation des jeux Olympiques. Les Palestiniens ont condamné les propos qu'il a tenus en Israël sur leur arriération économique supposée et en Pologne, le syndicat Solidarité l'a accusé d'attaquer les droits des travailleurs, au moment où il rencontrait son leader historique, Lech Walesa.

Mais pour Aaron Miller, ancien conseiller de secrétaires d'État de droite et de gauche, ces anicroches devraient peser moins lourd lors du scrutin du 6 novembre que ses signaux adressés depuis Jérusalem à l'électorat juif et surtout chrétien évangélique, pour qui la défense d'Israël est devenue sacro-sainte.

«Vis-à-vis de l'électorat pro-israélien, je pense que le voyage l'a aidé», observe M. Miller, du centre de réflexion Woodrow Wilson. «Mais s'il s'agissait de démontrer sa sagacité en matière de politique étrangère et sa capacité à réagir de façon intelligente, substantielle et sage, je pense qu'il n'a pas été à la hauteur», observe l'expert, qui donne un 4/10 au candidat républicain.

L'économie pèse plus lourd

Alors que la présidentielle pourrait se jouer sur le fil, la stratégie pro-Israël de M. Romney pourrait faire pencher la balance dans certains Etats cruciaux, comme la Floride, en mobilisant en sa faveur une partie de l'électorat évangélique ainsi que l'électorat juif qui avait largement soutenu Barack Obama en 2008. En ce sens, le passage de Mitt Romney en Israël a pu compenser les ratages de la tournée, observe Stephen McInerney, directeur du centre indépendant Project on Middle East Democracy.

«Et puis pour dire les choses franchement, on n'a jamais vu un candidat américain pâtir d'avoir fait des déclarations qui choquent les Palestiniens», souligne M. McInerney.

A moins de cent jours du scrutin, le camp démocrate s'est délecté des faux pas de son adversaire.

«Le gouverneur Romney, lors de ce voyage, a démontré qu'il n'avait pas forcément la discipline requise d'un président des Etats-Unis afin de gérer les relations diplomatiques délicates», a ainsi estimé mardi un conseiller du président Obama, Robert Gibbs.

«Romney passait une audition pour devenir le chef du monde libre, et il est évident qu'il n'a pas été capable de représenter les Etats-Unis à l'international», a assuré M. Gibbs lors d'une conférence téléphonique.

Mais même les gros titres assassins de la presse britannique ne devraient guère modifier l'issue de la campagne électorale, qui reste dominée par l'économie et le chômage.

Même si Mitt Romney est loin d'avoir drainé les foules qu'avait su enthousiasmer Barack Obama à l'étranger pendant la campagne de 2008, «ce voyage ne va pas changer l'élection», reconnaît la représentante démocrate Marcy Kaptur.

Ce voyage «ne devrait pas lui nuire», renchérit M. Miller même si le camp Romney a paru dépité par la couverture médiatique que s'est attirée son champion pendant sa tournée, son attaché de presse invitant même à Varsovie les journalistes à «aller se faire foutre».

«Les gros titres de la presse londonienne en un jour ne sont pas aussi importants que la vision que les gens ici ont de notre prospérité économique», se rassure Kevin Madden, un des conseillers du camp Romney, interrogé sur la chaîne ABC.