À cent jours du grand rendez-vous électoral de l'automne aux États-Unis, Barack Obama paraît légèrement favori face au républicain Mitt Romney, mais le président sortant reste à la merci d'un ralentissement de l'économie sur lequel il n'a que peu de prise.

Les sondages montrent pour la plupart un resserrement de l'écart entre les deux candidats qui se disputeront la Maison-Blanche le 6 novembre, et une érosion du soutien au dirigeant démocrate sur des dossiers décisifs, alors que les projections économiques restent maussades.

Selon une enquête Wall Street Journal/NBC publiée cette semaine, seuls 36% des Américains font confiance à M. Obama pour améliorer l'économie, tandis qu'ils sont 43% à préférer M. Romney, un ancien entrepreneur de capital-risque multimillionnaire.

M. Obama et son équipe pilonnent les arguments de M. Romney selon lesquels son expérience dans les affaires ferait de lui un bon président pour l'emploi des Américains.

Mais ces attaques paraissent avoir moins d'influence sur les électeurs que leur pessimisme. Le chômage stagne à 8,2% et ne devrait baisser qu'à 7,9% d'ici à la fin de l'année, a prévu vendredi la Maison Blanche. Soixante pour cent des Américains estiment que leur pays est «sur la mauvaise voie» selon WSJ/NBC.

Le site RealClearPolitics, dans sa moyenne des sondages nationaux, attribue 46,4% des intentions de vote à M. Obama et 45,1% à M. Romney. Une avance de 1,3 point à comparer aux 3,6 points de début juillet, même si le spécialiste des sondages Nate Silver, sur le site du New York Times, accorde à M. Obama 65% de chances d'être réélu grâce à l'avance qu'il maintient dans certains États décisifs.

À longueur de discours, le président sortant appelle ses troupes à se mobiliser en prévenant que l'élection sera «serrée». De fait, selon WSJ/NBC, seuls 8% des électeurs restent indécis.

Parmi les grands rendez-vous de la campagne à venir, dont le rythme devrait s'accélérer en août, M. Romney doit encore divulguer le nom de son colistier ; les deux partis organiseront leurs conventions présidentielles fin août et début septembre ; trois débats télévisés sont en outre prévus les 3, 16 et 22 octobre.

Publicités agressives

Mais pour Thomas Mann, de l'institut Brookings, «ce seront les nouvelles de l'économie qui seront les plus importantes ces cent prochains jours». «Tous les gouvernements du monde ont beaucoup de mal à se faire réélire en cette période difficile pour l'économie», explique-t-il à l'AFP.

Cet expert en sciences politiques affirme toutefois avoir été «impressionné que M. Obama se soit maintenu légèrement devant, M. Romney, et que sa cote de confiance reste juste en dessous des 50% malgré l'état de l'économie».

M. Obama a toutefois subi récemment une chute de sa cote de popularité personnelle : 43% des électeurs ont une opinion négative (dont 32% «très négative») de leur président, selon WSJ/NBC.

Cette baisse intervient alors que les démocrates ont eu recours depuis fin mai à un torrent de publicités télévisées agressives, visant les placements de M. Romney à l'étranger, et le bilan social, selon eux désastreux, des entreprises contrôlées par l'ancienne société du candidat républicain.

Les deux camps se rendent coup pour coup, sur les thèmes de la politique étrangère ou de la défense des PME. M. Romney accuse M. Obama de professer une conception de l'économie «étrangère à l'expérience américaine».

De son côté, la Maison Blanche a monté une impeccable contre-programmation de la tournée actuelle de M. Romney à l'étranger, en glorifiant jeudi la «relation privilégiée» avec le Royaume-Uni au moment où le républicain y effectuait un faux pas, puis en promulguant une loi qui renforce la coopération avec Israël, pays dont l'adversaire de M. Obama rencontrera dimanche les dirigeants à Jérusalem.

Sur le terrain, M. Obama reste fidèle à sa stratégie de défense de la classe moyenne et qualifie son adversaire de «pionnier des délocalisations». Il laboure avec constance les États qui pourraient faire la différence le 6 novembre, comme l'Ohio (nord) et la Floride (sud-est) où il se rendra encore la semaine prochaine.