Les équipes de Barack Obama et de Mitt Romney se sont affrontées mercredi au sujet des liens entre Washington et Londres, après la publication de déclarations, ensuite démenties, accusant le premier président noir des États-Unis d'ignorer «l'héritage anglo-saxon».

La controverse a éclaté au moment où le candidat républicain à la Maison-Blanche entamait à Londres une tournée à l'étranger destinée à asseoir sa stature présidentielle en vue de l'élection du 6 novembre.

Dans un article publié mercredi, le journal britannique Daily Telegraph a cité sous couvert de l'anonymat deux conseillers de M. Romney qui affirment que leur candidat ferait mieux que le dirigeant démocrate sortant pour la qualité des liens entre États-Unis et Royaume-Uni, deux alliés très proches.

«Nous partageons le même héritage anglo-saxon et il (M. Romney) pense que la relation privilégiée est quelque chose de spécial», explique l'un de ces conseillers, selon le journal. Et d'ajouter: «La Maison-Blanche n'a pas pleinement pris en considération l'histoire que nous partageons».

L'équipe Romney, selon le Telegraph, estime qu'Obama «est un gauchiste» qui «n'accorde pas tant d'importance à l'Otan. Il se satisfait sans problème d'un déclin américain et il n'est pas convaincu de la valeur des alliances traditionnelles» des États-Unis.

Ces déclarations peuvent être comprises comme une attaque voilée contre l'appartenance raciale de M. Obama, premier président noir des États-Unis et né d'un père kényan, remarque le Telegraph.

La porte-parole du candidat républicain, Amanda Hennenberg, a nié que ces déclarations aient été faites. «Ce n'est pas vrai», a-t-elle affirmé dans un communiqué, avant de préciser: «Si quelqu'un a dit cela, ça ne reflétait pas l'opinion de M. Romney, ou de quiconque au sein de l'équipe de campagne».

Des déclarations «incroyablement choquantes»

Malgré ces dénégations, l'article a provoqué une réaction musclée de l'équipe de campagne démocrate, au moment où M. Romney atterrissait à Londres pour la première étape d'une tournée de six jours qui le mènera aussi en Israël et en Pologne.

Le vice-président Joe Biden, dans un communiqué diffusé par le comité de campagne de M. Obama, a affirmé que l'avion de M. Romney «n'avait pas encore atterri à Londres que ses conseillers étaient, selon des informations de presse, en train de faire de la politique politicienne avec la diplomatie internationale».

M. Biden a en outre accusé le républicain d'essayer «de créer un écart entre les États-Unis et le Royaume-Uni là où il n'y en a pas. Notre relation privilégiée avec les Britanniques est plus forte que jamais et nous sommes fiers de travailler main dans la main avec le premier ministre (David) Cameron», a ajouté M. Biden.

Pour le vice-président, ancien dirigeant de la commission des Affaires étrangères au Sénat, ces déclarations marquent «un début perturbant pour un voyage censé démontrer que le gouverneur Romney est prêt à représenter les États-Unis sur la scène internationale».

De son côté, le stratège de M. Obama pour sa réélection, David Axelrod, a estimé sur son compte Twitter que ces déclarations citées par le Telegraph étaient «incroyablement choquantes».

Mais l'équipe de M. Romney a riposté à son tour, en affirmant que les partisans de M. Obama capitalisaient sur ces déclarations pour distraire l'attention.

M. Biden s'est emparé «d'une citation anonyme et fausse publiée par un journal étranger afin de relancer une campagne à bout de souffle», a estimé un autre porte-parole de M. Romney, Ryan Williams.