Mitt Romney n'a pas dû apprécier, hier matin, sa lecture de la page éditoriale du Wall Street Journal, qui a l'habitude de réserver ses critiques les plus cinglantes à son adversaire démocrate, Barack Obama.

« Si Mitt Romney perd la course à la Maison-Blanche, un tournant sera sa décision lundi d'absoudre le président Obama d'avoir augmenté les impôts de la classe moyenne », a écrit un éditorialiste du Journal avant de qualifier la campagne présidentielle de l'ancien gouverneur du Massachusetts de « confuse en plus d'être politiquement stupide ».

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Lundi, Eric Fehrstrom, un des principaux conseillers de Mitt Romney, a consterné bon nombre de conservateurs en contredisant la position des ténors du Parti républicain sur la réforme de la santé de Barack Obama. Ceux-ci s'étaient mis d'accord la semaine dernière pour dire que l'Obamacare, à défaut d'être inconstitutionnel, imposerait une «taxe» aux Américains qui refuseraient de souscrire à une assurance maladie à partir de 2014.

John Roberts, juge en chef de la Cour suprême des États-Unis, avait lui-même utilisé le mot « taxe » dans son opinion validant l'Obamacare afin de décrire la disposition la plus controversée de cette réforme, le « mandat individuel » (l'obligation faite à presque tous les Américains de contracter une assurance maladie sous peine d'amende).

Or, Fehrstrom a affirmé lors d'une interview télévisée que Mitt Romney n'était pas d'accord avec le juge Roberts. « Le gouverneur a toujours décrit le mandat individuel comme une pénalité », a-t-il déclaré en faisant allusion à l'époque où l'ancien gouverneur a défendu l'inclusion de cette disposition dans sa propre réforme de la santé au Massachusetts.

Mais la logique de Fehrstrom n'a pas convaincu les alliés républicains de son patron, qui n'ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement. Aussi Mitt Romney a-t-il lui-même tenté de rectifier le tir mercredi en faisant valoir, lors d'une interview accordée à CBS News, que le «mandat individuel» était certes une «taxe» dans le cadre de l'Obamacare, mais bel et bien une «pénalité» dans le cadre de la réforme du Massachusetts.

Cette distinction discutable, qui a valu à Romney d'être qualifié de « girouette » par le camp Obama, a laissé plusieurs républicains sur leur faim.

« Mitt Romney risque de perdre pied sur la question de la santé », a écrit hier matin David Brody, animateur influent au Christian Broadcasting Network, sur son blogue. « Les principaux médias (et certains médias conservateurs aussi) l'attaqueront sans relâche jusqu'à ce qu'il fournisse une réponse cohérente à cette question: le mandat individuel de l'Obamacare est-il une taxe? Pour le moment, il semble que Romney tente de dire une chose et son contraire. »

Ce débat ésotérique entre républicains éclate au moment où Barack Obama entame une tournée en autocar de deux jours dans deux États clés, l'Ohio et la Pennsylvanie. Il intervient également à la veille de la publication des chiffres de l'emploi pour juin aux États-Unis.

En attendant, le président a repris à Maumee, en Ohio, ses attaques contre le bilan de Mitt Romney à la tête de la société d'investissement Bain Capital, en accusant son rival républicain d'être un «pionnier des délocalisations».

« Contrairement à mon adversaire, je veux arrêter d'accorder des allègements d'impôts aux entreprises qui font de la délocalisation, et commencer à récompenser celles qui investissent ici en Ohio », a-t-il déclaré en se vantant d'avoir « sauvé le secteur automobile ».