Le présidentiable républicain Mitt Romney a spectaculairement dépassé Barack Obama au jeu des levées de fonds en mai malgré le montant record récupéré par le dirigeant sortant, un nouveau motif d'inquiétude pour les démocrates à cinq mois de l'élection américaine.

M. Romney, assuré depuis fin mai de défendre les couleurs conservatrices face à M. Obama à la présidentielle du 6 novembre, a obtenu 76,8 millions de dollars de contributions en faveur de son comité de campagne et de son parti, a annoncé jeudi matin son équipe.

Il double presque ses recettes d'avril et surtout, écrase les 60 millions de dollars révélés quelques heures plus tôt par l'équipe de M. Obama pour mai, pourtant les meilleures recettes mensuelles de son comité de campagne et du parti démocrate depuis que le dirigeant a annoncé sa candidature à un second mandat, en avril 2011.

M. Obama, qui avait levé 53 millions en mars et 43 millions en avril, subit ainsi un revers malgré le programme effréné de levée de fonds auquel il s'astreint : il se trouvait jeudi matin en Californie pour sa huitième rencontre de la semaine avec des donateurs.

En cinq réunions depuis mercredi dans le grand État de l'ouest, vivier de mécènes démocrates, M. Obama a obtenu au minimum 5,4 millions de dollars. Lundi à New York, il en avait récupéré plus de 3,6 millions en faisant campagne avec son prédécesseur Bill Clinton.

Selon un décompte du journal spécialisé Politico, M. Obama a passé huit des 24 derniers jours à rassembler des fonds, un exercice crucial aux États-Unis pour faire fonctionner des campagnes électorales dont le coût se chiffre en centaines de millions de dollars, dépensés en publicité ou en déplacements.

C'est la première fois que M. Romney dépasse M. Obama en termes de contributions mensuelles directes.

Le porte-parole du comité de campagne du président sortant, Ben LaBolt, a minimisé la signification de ce chiffre, tout en concédant qu'il devait servir de « coup de clairon pour tous nos soutiens et nos donateurs ».

Étant donné que M. Romney et le parti républicain n'ont que récemment établi un comité commun après les primaires et fait le plein de donateurs, « nous nous attendions à ce qu'ils nous battent ce mois-ci », a assuré M. LaBolt lors d'une téléconférence de presse.

Ces 76,8 millions restent particulièrement alarmants pour les démocrates, car ils ne prennent pas en compte les contributions de puissants groupements d'intérêt appelés « super-PACs » (« super comités d'action politique »).

Depuis une décision de la Cour suprême début 2010, ces groupes peuvent lever et dépenser des fonds illimités pour soutenir des causes dans les campagnes, même s'ils n'ont pas le droit de financer directement un candidat.

Le camp de M. Romney semble jusqu'ici avoir davantage bénéficié de ces nouvelles règles, certaines informations de presse faisant état d'un rouleau compresseur d'un milliard de dollars. Le « super-PAC » auquel M. Obama a donné à contrecoeur sa bénédiction peine en revanche à faire le plein de contributions.

La puissance et l'influence des « Super-PACs » a été démontrée mardi lorsque le gouverneur républicain sortant du Wisconsin, visé par une rare procédure de « rappel » d'initiative populaire après un affrontement avec les syndicats, a triomphé de son adversaire démocrate.

Selon la Maison-Blanche, le républicain a dépensé « sept ou huit fois plus » pour sa campagne que son concurrent « grâce à des montants énormes venus d'entreprises et de grosses contributions ».

Ce résultat, vu comme un sérieux coup de semonce pour le président, était intervenu quatre jours après la publication de chiffres du chômage médiocres pour mai, faisant craindre un nouveau ralentissement de l'économie qui pourrait être lourd de conséquences pour les chances électorales de M. Obama.