La victoire d'un gouverneur républicain contesté, en montrant la puissance financière des groupes d'intérêt et la faiblesse de l'influence des syndicats, sonne un nouveau signal d'alarme pour Barack Obama, à cinq mois de la présidentielle américaine.

Mercredi, au lendemain de la victoire de Scott Walker, dirigeant du Wisconsin, visé par une procédure de «rappel» d'initiative populaire, le président du parti républicain, Reince Priebus, a salué une «victoire pour les habitants du Wisconsin et des États-Unis» et parlé de «catastrophe totale pour le président Obama».

«De la Maison-Blanche (au siège de la campagne démocrate) à Chicago, les démocrates sont nerveux ce matin», a ajouté M. Priebus, évoquant un «formidable galop d'essai» pour la présidentielle du 6 novembre. Le Wisconsin devrait y être l'un des États déterminants.

Dès mardi soir, l'adversaire de M. Obama, Mitt Romney, avait affirmé que la victoire de M. Walker résonnerait «au-delà des frontières du Wisconsin».

Le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney a de son côté minimisé la portée de la consultation, notant mercredi que M. Walker avait dépensé «sept ou huit fois plus» pour sa campagne que son concurrent démocrate «grâce à des montants énormes venus d'entreprises et de grosses contributions».

En outre, a remarqué M. Carney, les sondages effectués à la sortie des urnes montrent que M. Obama aurait battu M. Romney dans le Wisconsin si la présidentielle avait eu lieu mardi.

Barry Burden, de l'université du Wisconsin, estime que «les électeurs, dont de nombreux étaient méfiants vis-à-vis de la procédure de rappel, ont donné le bénéfice du doute à M. Walker, en tant que candidat sortant».

Mais cette victoire «va enhardir les républicains élus en 2010» au cours de législatives partielles marquées par l'émergence du mouvement populiste ultra-conservateur Tea Party, selon lui.

«Énorme influence» de l'argent

Pour Clyde Wilcox, professeur de sciences politiques à l'université de Georgetown à Washington, l'élection du Wisconsin a surtout confirmé que l'arrêt de la Cour suprême de 2010 modifiant les règles de financement des campagnes avait «ouvert en grand les vannes pour les donateurs les plus riches, en particulier les conservateurs, qui y voient l'occasion de modifier les politiques publiques».

«Le principal enseignement de cette élection est que l'argent y a une énorme influence», renchérit Kareem Crayton, de l'université de Caroline du Nord. Les frères Koch, magnats de la pétrochimie qui figurent parmi les principaux soutiens du Tea Party, ont notamment contribué au financement de la campagne de M. Walker.

Pour cet universitaire, l'élection de mardi, au-delà du revers qu'elle constitue pour les démocrates et leurs alliés des syndicats qui n'ont pas réussi à détrôner l'un de leurs adversaires les plus acharnés, représente «un motif d'inquiétude pour l'équipe d'Obama. Une élection qui aurait dû être bien plus serrée ne l'a pas été, et le républicain a gagné».

En outre, «l'écart entre démocrates et républicains se réduit» dans les sondages de sortie des urnes, remarque M. Crayton.

L'équipe de campagne démocrate a affirmé que ces sondages donnaient neuf points d'avance au président sortant sur M. Romney. Mais en 2008, M. Obama avait gagné de 14 points face au républicain John McCain dans le Wisconsin.

L'élection de mardi est un second revers en cinq jours pour M. Obama, après la publication de médiocres chiffres du chômage pour mai.

Contrairement à d'autres élections locales dans le passé, M. Obama s'était gardé de s'impliquer directement dans la bataille du Wisconsin, se contentant d'envoyer un message de soutien à l'adversaire de M. Walker lundi depuis son compte Twitter de campagne.