L'ancien président des États-Unis Bill Clinton a éreinté lundi le républicain Mitt Romney et affirmé que sa politique serait « calamiteuse pour notre pays et le monde » s'il battait en novembre Barack Obama, en aidant ce dernier à remplir son trésor de campagne.

M. Clinton a mis toute sa verve et son influence au service de son successeur au cours de trois réunions de levée de fonds successives à New York, repaire de riches donateurs du parti démocrate, en saluant en lui quelqu'un qui a « une bonne politique, un bon bilan, et a géré du mieux qu'il pouvait une situation très difficile ». Pour M. Clinton, Barack Obama « mérite d'être réélu ».

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

En revanche, « l'alternative serait, à mon avis, calamiteuse pour notre pays et le monde », a assuré M. Clinton, le seul démocrate à avoir enchaîné deux mandats pleins à la Maison-Blanche depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les relations entre MM. Obama et Clinton se sont pacifiées depuis que le président a battu l'ancienne « Première dame » Hillary Clinton à la primaire de 2008, et M. Clinton est monté au créneau plusieurs fois ces dernières semaines pour défendre son successeur, candidat à un second mandat le 6 novembre.

Lundi, l'ancien président, âgé de 65 ans, a montré qu'il avait gardé toute son éloquence en se moquant d'un élu républicain du Congrès, Allen West, qui a récemment affirmé qu'une grande partie de ses collègues démocrates étaient communistes.

« Nous ne sommes pas dans les années 1950. Au moins Joe McCarthy pouvait faire valoir qu'il y avait un ou deux communistes en activité », a affirmé M. Clinton, en allusion au sénateur qui avait lancé la « chasse aux sorcières » il y a 50 ans. « Mais personne n'a plus vu de communistes depuis plus d'une décennie », a ajouté M. Clinton, très applaudi.

Il a aussi inauguré une ligne d'attaque inédite contre les républicains en les accusant de défendre un modèle économique de rigueur qui a selon lui échoué en Europe : « De l'austérité et du chômage tout de suite, et après, un budget à long terme où quand l'économie reprendra des forces, les taux d'intérêt seront tellement élevés que personne ne pourra rien faire ».

Les républicains « parlent d'abroger le New Deal »

M. Obama, qui a essuyé un revers vendredi avec la publication de médiocres chiffres du chômage, a rappelé que lorsque M. Clinton était au pouvoir, de 1993 à 2001, « tout le monde s'en sortait bien, même les classes supérieures, parce que le président Clinton (...) savait ce dont l'économie a besoin ».

Il s'en est pris avec vigueur à M. Romney et ses alliés au Congrès. « Lorsque l'on regarde le budget qu'ils ont présenté, ils ne veulent pas seulement abroger (la réforme de l'assurance-maladie), ils parlent d'abroger le New Deal », les acquis sociaux des années 1930, a-t-il accusé : « et je n'exagère pas ».

Après une réunion chez un riche investisseur où 50 personnes ont payé 40 000 dollars par tête, MM. Obama et Clinton ont participé à une soirée de gala dans un palace où s'est produit Jon Bon Jovi, à 2500 $ la place minimum pour 500 participants.

Les deux présidents se sont ensuite rendus dans une salle de Broadway pour un concert où 1700 spectateurs avaient acquitté chacun au moins 250 $.

Les recettes devraient donc dépasser 3,6 millions de dollars, un chiffre ne tenant pas compte d'un tirage au sort qui a permis à trois personnes de rencontrer MM. Obama et Clinton. Une telle opération avait plus que doublé les recettes d'une soirée de M. Obama chez George Clooney près de Los Angeles en mai.

Récupérer des fonds s'avère crucial aux États-Unis pour faire fonctionner des campagnes électorales dont le coût se chiffre en centaines de millions de dollars, et M. Obama participe à de telles réunions à un rythme effréné. M. Romney semble jusqu'ici davantage bénéficier de nouvelles règles sur le financement des campagnes qui ont permis aux entreprises d'y contribuer sans limites.