Les victoires surprises du conservateur Rick Santorum illustrent les divisions des républicains à neuf mois de la présidentielle américaine, l'aile droite du parti refusant de se donner à Mitt Romney, qui semble pourtant seul à même d'intimider Barack Obama.

Rick Santorum, un catholique qui joue à fond la carte des valeurs traditionnelles, a désormais quatre États dans son escarcelle après avoir remporté mardi soir les scrutins du Minnesota, du Missouri et du Colorado, soit davantage que le modéré Mitt Romney qui n'a gagné que trois primaires (New Hampshire, Floride et Nevada) depuis le début de la course le 3 janvier.

«Romney a plus d'argent, plus d'expérience de la politique nationale, plus de conseillers et de personnel et pourtant il perd», a relevé le politologue Paul Begala. «S'il ne parvient pas à battre Rick Santorum, il faut qu'il se trouve un autre parti».

Le multimillionnaire Romney reste considéré comme le favori pour obtenir fin août l'investiture du Parti républicain pour la Maison Blanche. Mais ses trois échecs de mardi «alimentent la thèse selon laquelle Romney est incapable de réduire l'écart avec la droite, particulièrement sur les questions de société», déclare à l'AFP le politologue David Damore, de l'Université du Nevada à Las Vegas.

Malgré son virage à droite, Mitt Romney «peut-il devenir un porte-étendard acceptable pour un parti de plus en plus dominé par les conservateurs évangéliques et les militants (anti-impôts) du tea party?» s'interroge le Washington Post.

Obama se frotte les mains

Depuis le début de la campagne, les différents candidats ultraconservateurs ont tour à tour connu les faveurs des sondages, bénéficiant d'un effet «tout sauf Romney». Mais Michele Bachmann, Rick Perry et Herman Cain ont quitté la course, victimes qui de gaffes, qui d'un scandale sexuel.

Des trois candidats encore en lice contre M. Romney, l'isolationiste Ron Paul paraît peu éligible du fait de ses positions iconoclastes, sur la dépénalisation de la drogue par exemple. Restent Rick Santorum, qui combat le mariage homosexuel, l'avortement et la contraception, et Newt Gingrich, qui brocarde «les élites» et compare Mitt Romney à Barack Obama pour avoir promulgué dans son État du Massachusetts une réforme de l'assurance maladie semblable à celle que le président a imposée au niveau national.

M. Gingrich n'avait guère fait campagne dans les trois États en jeu mardi et se réserve pour les 11 scrutins qui se joueront le 6 mars à l'occasion du «Super mardi» notamment dans des États du sud du pays.

Quant à M. Santorum, il a assuré mercredi sur CNN que sa victoire lui attirait des contributions. «Nous nous en tirons très très bien sur le plan financier. Hier soir, nous avons levé je crois 250 000 dollars», a-t-il dit.

Sur le papier, les trois derniers scrutins ne changent rien à la course aux 1114 délégués nécessaires pour obtenir l'investiture du parti: seuls 128 délégués étaient en jeu mardi et leur répartition n'est pas encore connue.

D'après CNN, Mitt Romney, qui a remporté l'État très peuplé de Floride, pouvait dès avant mardi compter sur 106 délégués, Newt Gingrich sur 38, Rick Santorum sur 22 et Ron Paul sur 20.

Les divisions du Parti républicain sont pain bénit pour Barack Obama, qui bénéficie d'une embellie économique et «pourrait bien être l'homme le plus chanceux du monde», comme l'observe le Washington Post. Obligé de se défendre sur sa droite, Mitt Romney «a cédé l'électorat centriste à Obama», relève le quotidien.

Selon un sondage ABC/Washington Post publié lundi, si le scrutin du 6 novembre avait lieu maintenant, le sortant obtiendrait 51% des voix contre 45% à M. Romney. Il ferait encore mieux contre M. Gingrich, avec 54% des voix contre 43%.