Pour un prétendant présidentiel qui doit lutter contre son image de multimillionnaire, Mitt Romney donne parfois à ses adversaires de bonnes munitions.

Au lendemain de sa convaincante victoire en Floride, l'ancien gouverneur du Massachusetts a ainsi dû se défendre de se balancer du sort des démunis de la société américaine.

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

«Je ne m'en fais pas pour les plus pauvres», a-t-il déclaré lors d'une interview accordée hier matin à CNN. «Nous avons un filet social. S'il doit être réparé, je m'en chargerai.»

Le favori de la course à l'investiture républicaine a ajouté: «Je ne m'en fais pas pour les plus riches, ils s'en sortent bien. Je m'en fais pour le coeur même de l'Amérique, les 90, 95% d'Américains qui, aujourd'hui, en arrachent, et je continuerai à porter ce message d'un bout à l'autre du pays.»

Plusieurs médias ont aussitôt publié sur leur site internet des articles annonçant que le fondateur de la société d'investissement Bain Capital ne se préoccupait pas des «plus pauvres».

Cette déclaration de Mitt Romney a été rangée parmi ses gaffes verbales, une des plus célèbres étant survenue à la veille de la primaire du New Hampshire. «J'aime pouvoir congédier des gens qui m'offrent des services», avait-il dit en défendant le choix en matière d'assurance maladie.

Newt Gingrich a tenté d'exploiter la maladresse de Mitt Romney lors d'un discours à Reno, au Nevada, où doit se tenir samedi des caucus.

«J'en ai assez des gens des deux partis qui essaient de diviser les Américains les uns contre les autres. Je m'en fais pour tous les Américains», a-t-il déclaré, tout en promettant de mener une «campagne américaine».

Dans l'avion qui le transportait au Nevada, Mitt Romney est revenu sur sa déclaration devant les journalistes, jurant qu'il se préoccupait lui aussi du sort de tous les Américains, y compris des plus pauvres.

Électeurs centristes

Le camp Obama n'a pas réagi hier à cette déclaration, préférant commenter la victoire de Mitt Romney en Floride, qui lui coûtera l'appui des électeurs centristes selon lui. En multipliant les attaques personnelles et les publicités négatives, l'ancien gouverneur du Massachusetts n'a pas seulement noirci l'image de Newt Gingrich mais également la sienne, selon la directrice adjointe de la campagne démocrate, Stephanie Cutter.

Cutter a notamment fait allusion aux résultats d'un récent sondage Washington Post/ABC News, selon lequel 51% des électeurs indépendants ont désormais une opinion défavorable de Mitt Romney.

«Il est difficile pour Romney de prétendre que les électeurs de Floride ont voté pour lui plutôt que contre ses adversaires», a écrit Cutter dans une note aux journalistes.