Et après sa deuxième résurrection, il fut «crucifié»...

Ce n'est pas l'histoire que Newt Gingrich et son épouse Callista ont entendue hier matin dans une église baptiste de Lutz, en Floride, à deux jours d'une primaire qui pourrait avoir un impact décisif sur la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de novembre.

Aux yeux de plusieurs journalistes, l'ancien président de la Chambre des représentants est sorti de son tombeau politique pour la deuxième fois de sa campagne en écrasant Mitt Romney lors de la primaire de Caroline-du-Sud, il y a un peu plus d'une semaine.

Mais depuis lors, Newt Gingrich est «crucifié» par l'establishment républicain, selon Sarah Palin, une de ses alliées circonstancielles, qui a également qualifié les bonzes de son parti de «cannibales».

Critiques acerbes

Aïe! On comprend Newt Gingrich d'avoir voulu chercher refuge auprès du Seigneur. Au lendemain de sa victoire en Caroline-du-Sud, il menait par 10 points dans certains sondages réalisés en Floride, quatrième étape de la course républicaine. Aujourd'hui, Mitt Romney fait la course en tête dans ce même État, fort d'une avance de 10 points ou plus dans la plupart des baromètres.

Que s'est-il passé? Sarah Palin n'a pas complètement tort. Jeudi dernier, dans un barrage qui n'avait rien de spontané, plusieurs grands noms du Parti républicain, dont Bob Dole et John McCain, deux ex-candidats présidentiels, ont ciblé Newt Gingrich, formulant  à son encontre des critiques acerbes qui se sont retrouvées pour la plupart sur Drudge Report, un des sites internet les plus lus par les républicains.

«La plus grande peur de l'establishment républicain n'est pas que Newt Gingrich perde contre Barack Obama», a déclaré Stephen Scott, militant républicain qui a assisté samedi soir à Orlando à un dîner-bénéfice dont l'ancien président de la Chambre des représentants était l'orateur principal.

«La plus grande peur de l'establishment républicain est que Newt Gingrich nous fasse perdre la Chambre des représentants et le Sénat. C'est une peur que je partage», a ajouté ce partisan de Mitt Romney.

Mais l'ancien gouverneur du Massachusetts a lui-même joué un rôle important dans sa remontée en Floride. Il a notamment rabaissé le caquet de Newt Gingrinch (pas un mince exploit) lors d'un débat tenu à Jacksonville jeudi soir dernier. Et les millions de dollars que ses supporteurs et lui ont dépensés en publicités électorales pour attaquer l'intégrité et même l'équilibre mental du vainqueur de la primaire de Caroline-du-Sud ont fait le reste.

Poursuivre la lutte

Qu'à cela ne tienne: même s'il perd en Floride, Newt Gingrich a promis durant le week-end de poursuivre la lutte jusqu'à la convention du Parti républicain, qui aura lieu fin août à Tampa.

«Je crois que le Parti républicain ne nommera pas un modéré du Massachusetts qui est pour l'avortement, pour le contrôle des armes, pour l'augmentation des impôts», a-t-il déclaré aux journalistes à l'extérieur de l'église baptiste de Lutz. «Ils ne nommeront pas quelqu'un qui récolte des millions de Wall Street pour diffuser des publicités électorales mensongères», a-t-il ajouté en se présentant comme un «conservateur à la Reagan, prêt à être un visionnaire».

Mais au moins un sondage publié hier en Floride a mis en lumière un problème qui pourrait continuer à hanter Newt Gingrich dans les autres États. Alors qu'il est à égalité avec Mitt Romney chez les hommes, il accuse un retard de 19 points sur ce dernier chez les femmes.

Et il n'a probablement pas amélioré cette situation en acceptant samedi soir l'appui d'un de ses anciens rivaux, Herman Cain, qui a mis fin à sa propre campagne après avoir été accusé de harcèlement sexuel et d'adultère.

«Vous ne voulez pas savoir ce que je pense de Newt Gingrich», a déclaré Ann Sargeant, femme d'affaires de 47 ans, lors du dîner-bénéfice d'Orlando, qui a rassemblé des républicains de toutes les allégeances.

Elle a tout de même ajouté une interjection qui pourrait se traduire ainsi: «Pouah!»

Mais Newt Gingrich a des partisanes indéfectibles, qui le suivront jusqu'au bout, dont Debbie Stolte, une ménagère d'Orlando.

«Quand il parle, il s'adresse à mes entrailles», a dit cette femme de 52 ans, un verre de vin à la main, en frappant son ventre de sa main libre. «Et mes entrailles me disent qu'il est celui qui dit la vérité. Il va sauver notre pays. Il va aider mes enfants et mes petits-enfants. Et il va être président des États-Unis.»