Le candidat à l'investiture républicaine à la Maison Blanche Mitt Romney a fini, sous la pression de ses adversaires, par publier mardi ses feuilles d'impôts, révélant qu'il paie 15% de ses revenus au fisc, soit largement moins que la moyenne des salariés américains.

L'ancien gouverneur du Massachusetts âgé de 64 ans, qui a fait fortune à la tête d'un fonds d'investissement, a déclaré des revenus de 21,7 millions de dollars pour 2010 et de 20,9 millions pour 2011, selon les documents publiés sur internet par le candidat.

Au total pour ces deux années-là, M. Romney a donné 7 millions de dollars à des oeuvres de charité --pour l'essentiel à l'Eglise mormone, dont il est membre-- et payé 6,2 millions de dollars d'impôts fédéraux.

Les trois millions de dollars de contributions versées en 2010 représentent un taux d'imposition de 13,9% et les 3,2 millions de dollars payés l'an dernier un taux de 15,4%.

M. Romney avaient été mis en demeure par ses rivaux de publier sa déclaration d'impôts, comme eux-mêmes l'avaient déjà fait.

Mais le candidat fortuné avait tergiversé, une attitude qu'il a fini par abandonner après avoir été battu samedi par son rival Newt Gingrich aux primaires de Caroline du Sud, une des étapes du long processus visant à désigner à un candidat du parti républicain pour la présidentielle du 6 novembre.

Les prochaines primaires, en Floride, le 31 janvier, s'annoncent compliquées pour M. Romney, considéré jusqu'à présent comme un des grands favoris de la course à l'investiture républicaine, d'autant qu'un nouveau sondage Public Policy Polling confirmait l'avance prise dans cet État par M. Gingrich, avec 38% des intentions de vote, soit 5 points de plus que M. Romney.

La fortune de M. Romney --évaluée à 250 millions de dollars-- et le fait qu'elle vienne de la gestion d'un fonds d'investissement, Bain Capital, pourraient être considérés comme des handicaps, le pays traversant sa plus grave crise économique depuis les années 1930.

«Je ne vais pas m'excuser pour ma réussite (...) j'ai travaillé dur pour obtenir ce que j'ai», s'est défendu lundi soir M. Romney lors d'un débat télévisé entre les candidats républicains à Tampa, en Floride.

«Je suis fier d'avoir aidé à créer des entreprises qui ont grandi, qui ont embauché et pas seulement des emplois hautement qualifiés dans la finance», a-t-il ajouté, en se disant «surpris» que les attaques sur sa fortune viennent de son propre camp.

Car elles sont également venues des démocrates. La feuille d'imposition de M. Romney «est un bon exemple de la réforme de la fiscalité dont nous avons besoin», a déclaré mardi sur la chaîne NBC un conseiller du président Barack Obama, David Plouffe.

«Quand on a un travailleur de la classe moyenne qui paie (proportionnellement) plus d'impôts que ceux qui gagnent 50 ou 60 millions de dollars par an, il faut que ça change», a-t-il ajouté.

Le taux de prélèvement dont s'acquitte M. Romney est certes proche de la moyenne de 15% qui frappe les revenus du capital, mais bien inférieurs aux 35% dont s'acquittent au maximum les salariés, faisant dire aux partisans d'une hausse d'impôts qu'il s'agit là d'une injustice à réparer.

Le sujet devrait rebondir mardi soir lors du traditionnel discours sur l'état de l'Union de M. Obama, qui devrait évoquer la «règle Buffett» (du nom du multimilliardaire Warren Buffett), projet qui veut qu'aucun foyer touchant plus d'un million de dollars par an n'acquitte un taux d'imposition inférieur à celui d'un foyer de la classe moyenne.