Mitt Romney ou Newt Gingrich? À 24 heures de la primaire de Caroline-du-Sud, Janene Schmidt était encore indécise, le retrait inattendu de son candidat préféré, Rick Perry, l'ayant prise au dépourvu.

Mais la comptable agréée de Goose Creek, ville située au nord de Charleston, était certaine d'au moins une chose: les allégations de Marianne Gingrich, ex-femme de l'ancien président de la Chambre des représentants, n'influenceront pas son choix à l'occasion du scrutin d'aujourd'hui, troisième étape de la course à l'investiture républicaine pour la présidence.

«Si cela s'était produit il y a trois ans, j'y aurais vu un problème», a-t-elle déclaré, faisant référence à la relation ouverte que Newt Gingrich aurait proposée à sa deuxième femme afin de poursuivre sa liaison avec sa maîtresse, Callista, qui est devenue sa troisième épouse.

«Mais il y a plus de 10 ans que cela s'est produit, cela fait partie du passé. Il dit qu'il a mûri. Je lui donne le bénéfice du doute là-dessus», a-t-elle ajouté, assise dans un amphithéâtre de basketball quasi désert, où elle attendait l'arrivée de Newt Gingrich, hier matin.

Mais le politicien de 68 ans n'est jamais venu. Son équipe de campagne a en effet décidé de lui éviter l'humiliation de prendre la parole devant environ 25 personnes, dont Janene Schmidt, et plusieurs centaines de sièges vides.

Il se passe des choses étranges dans cette course à l'investiture républicaine. Et c'est ainsi que la primaire de Caroline-du-Sud pourrait accoucher d'un vainqueur incapable d'attirer une foule digne de ce nom à 24 heures du scrutin.

Newt et Callista Gingrich se seront quand même rendus à leur deuxième rendez-vous de la journée. Suivis d'une cinquantaine de journalistes, ils ont visité l'aile pédiatrique d'un hôpital de Charleston. Le personnel a réussi à réunir quatre ou cinq enfants malades pour permettre à Callista de leur lire un extrait de son livre à succès, Sweet Land of Liberty, au côté du protagoniste de ce récit patriotique, Ellis the Elephant.

La mise en scène semblait avoir pour but de convaincre les électeurs de Caroline-du-Sud que Callista n'est pas une briseuse de mariage, mais une femme dévouée qui tient à partager son amour du pays avec les enfants.

La remontée de Newt Gingrich dans les sondages en Caroline-du-Sud - certains parlent de sa deuxième résurrection depuis le début de la campagne présidentielle - ne tient évidemment pas à sa capacité d'attirer les foules et de faire des câlins à des bébés. Selon plusieurs analystes, il a comblé les électeurs conservateurs de l'État lors des deux débats tenus cette semaine en exprimant leur colère mâtinée de mépris à l'égard de Barack Obama, celui qu'il appelle le food stamp president (le président de l'aide alimentaire), et des «élites médiatiques», pour reprendre une autre de ses expressions.

«Il est en phase avec le parti sur le plan de la rhétorique», a déclaré Jon Lerner, un stratège républicain qui n'a pas appuyé un des candidats encore en lice. «Mais je ne sais pas si le vote de samedi [aujourd'hui] sera garant d'un succès à long terme.»

De fait, à long terme, Mitt Romney continue à être favori pour remporter l'investiture républicaine. Mais une défaite aujourd'hui compliquerait sérieusement sa vie.