Pas une trace de neige à Concord, ni à Manchester, ni à Hampstead. D'habitude, ces villes du New Hampshire sont habillées de blanc pour recevoir les prétendants à la présidence des États-Unis à la veille de la première primaire, après les caucus d'Iowa.

Or, en ce début de janvier quasiment printanier en Nouvelle-Angleterre, le Granite State pourrait rester fidèle à au moins une de ses traditions, celle de faire un pied de nez à l'Iowa, dont les caucus ont favorisé Mitt Romney et Rick Santorum. Comment? En donnant demain, jour du scrutin, un solide coup de main à Jon Huntsman, qui se trouve à être l'unique candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012 à croire encore à la responsabilité des activités humaines dans le changement climatique.

Ayant renoncé à faire campagne en Iowa, l'ancien ambassadeur de Barack Obama en Chine joue son va-tout au New Hampshire, où il a tenu plus de 160 réunions publiques au cours des derniers mois. Cette stratégie pourrait bien le servir, si l'on se fie à deux sondages publiés ce week-end, qui le placent en deuxième ou troisième position.

Au-dessus de la mêlée

«C'est incroyable!», s'est exclamé Huntsman en s'adressant à une foule de supporteurs et de journalistes entassés dans un café de Hampstead, une petite ville située dans le sud du New Hampshire. «On dit que cet État aime les candidats qui ne sont pas favoris. Mesdames et messieurs, voici votre candidat non favori», a-t-il ajouté en se tenant debout sur un comptoir.

L'ancien gouverneur de l'Utah a déjà laissé entendre qu'il devait finir deuxième ou troisième au New Hampshire, dont la devise est «Vis libre ou meurs», pour rester dans la course. Hier matin, lors d'un deuxième débat télévisé en moins de 24 heures entre les prétendants républicains, il a fourni une performance qui pourrait l'aider à atteindre son objectif.

«Le pays est divisé à cause de ce genre d'attitude. Le peuple américain est lassé des divisions partisanes», a déclaré Huntsman après que Mitt Romney l'eut accusé de s'être fait l'instrument de la politique de Barack Obama en acceptant le poste d'ambassadeur en Chine, en 2009.

La réplique du politicien de 51 ans a suscité de vifs applaudissements dans l'auditoire qui assistait au débat.

«J'ai servi mon pays», a ajouté le politicien de 51 ans plus tard dans la journée. «Je sais que cela peut être difficile à accepter pour Mitt Romney et d'autres personnes, mais le reste des Américains est d'accord avec moi.»

Romney demeure le grand favori pour l'emporter au New Hampshire. L'ancien gouverneur du Massachusetts a cependant perdu du terrain depuis mardi dernier, étant passé de 43% des intentions de vote à 35%. Ron Paul, troisième en Iowa, le suit au deuxième rang avec 20% des intentions de vote, selon le même sondage.

«De bonnes manières»

Jon Huntsman est avantagé au New Hampshire non seulement par l'esprit de contradiction des électeurs locaux, mais également par les règles de la primaire républicaine de cet État, qui permettront aux électeurs indépendants ou démocrates d'y participer.

«Il est à des années-lumière des autres candidats républicains», a déclaré Gail Witham, vice-présidente marketing d'une société énergétique, avant l'arrivée de Jon Huntsman à Hampstead. «Il a une grande connaissance des dossiers intérieurs et extérieurs et il a de bonnes manières, ce qu'on ne peut pas dire des autres candidats.»

Bob Reese, un homme d'affaires à la retraite, croit que le New Hampshire servira de tremplin à Jon Huntsman, dont il apprécie notamment l'appel en faveur d'une limitation du nombre de mandats que peuvent servir les élus du Congrès.

«Il ne fait que commencer, a-t-il dit. Quand le New Hampshire lui aura donné un élan, il ne passera plus inaperçu.»