Il sillonne sans répit l'État du New Hampshire dans son pick-up noir, progresse dans les sondages et veut croire au miracle : aidé par «la grâce de Dieu», le républicain Rick Santorum espère devenir celui qui affrontera Barack Obama lors de la présidentielle américaine de novembre.

«Je vais faire un bon score ici, et je gagnerai la Caroline du sud», a-t-il affirmé samedi, lors d'un meeting au bord d'un lac gelé à Amherst, dans cet État du Nord-Est des Etats-Unis, se présentant comme le «candidat authentique», le mieux à même de créer un «contraste clair» avec Barack Obama.

Depuis ses résultats inattendus dans l'Iowa, où il n'a été battu que de huit voix par le multi-millionnaire et hyper-organisé Mitt Romney, sa petite équipe en est persuadée: Rick Santorum, 53 ans, a désormais l'«élan» nécessaire pour devenir l'alternative au peu charismatique Mitt Romney, qui commence à rassembler l'establishment républicain, mais peine toujours à convaincre la base du parti.

«Monsieur Santorum, c'est magnifique», s'extasie dans un français approximatif l'un de ses plus fervents «consultants», Bill Boyd. «Nous avons l'élan et l'enthousiasme», déclare-t-il, évoquant les centaines de personnes venues assister ces derniers jours aux meetings de Rick Santorum dans le New Hampshire, où se tiendront mardi les premières élections primaires.

Elles étaient encore plusieurs centaines samedi, au St Anselm College à Manchester, puis à Amherst, à écouter son plaidoyer pour la famille, le secteur manufacturier, et ses attaques contre Mick Romney mais surtout Barack Obama.

Il dénonce en Mitt Romney un simple «gestionnaire. Les Américains ne veulent pas un gestionnaire à Washington. Ils veulent quelqu'un qui a une vision et qui les inspire», martèle-t-il.

Il y a quelques semaines, ce fervent catholique père de sept enfants, ancien sénateur de Pennsylvanie aux positions économiques ultra-libérales, ne recueillait qu'un pour cent des intentions de vote dans le New Hampshire.

Il est désormais à 8%, loin cependant derrière Mitt Romney, à 44%, et le libertaire Ron Paul, à 20%, selon un sondage de la chaîne de télévision locale WMUR.

Un autre sondage classe Rick Santorum deuxième en Caroline du Sud, prochain État à organiser ses primaires le 21 janvier, et où il se rendra dimanche.

Dans cet État du Sud-Est où la religion pèse lourd, M. Santorum (19% des intentions de vote) reste là aussi loin derrière Mitt Romney (37%), selon selon ce sondage Time/CNN/ORC.

Et certains experts soulignent que si M. Romney gagne l'Iowa, le New Hampshire et la Caroline du Sud, il sera très certainement l'opposant de Barack Obama.

D'autant que M. Santorum manque d'organisation et de financement.

Vendredi soir, il a dû ainsi improviser une rencontre sur le parking d'un restaurant de Manchester, la salle réservée étant trop petite. Et samedi, c'est encore en plein air, qu'il s'est adressé à la petite centaine de personnes venue l'écouter à Amherst.

Et les critiques augmentent avec sa nouvelle visibilité.

Il a été hué jeudi par des étudiants à Concord, pour avoir comparé le mariage homosexuel à la polygamie. Des manifestants «Occupy», qui dénoncent le trop grand pouvoir de l'argent en politique, ont encore fait entendre leur voix samedi à Amherst.

Rick Santorum n'en a cure. Il parle de l'importance du mariage, dénonce l'atteinte aux «libertés fondamentales», et le «snobisme élitiste» de Barack Obama, un président «qui refuse de diriger».

Et il reste détendu, même lorsqu'il est apostrophé sur ses sempiternels pulls en laine sans manche.

«Soyez audacieux et montrez la voie à ce pays, donnez-lui un candidat et un président qui fera ce qu'il faut pour sauver l'Amérique», a-t-il insisté auprès des électeurs du New Hampshire, leur rappelant qu'ils avaient voté pour Ronald Reagan en 1980. «Pensez Reagan, votez Santorum»!

Cynthia, la cinquantaine, sourit. «C'est le New Hamphsire ici», dit-elle fièrement. «On écoute tous les candidats, et on ne se décidera que mardi».