Les Américains ont une expression pour décrire la façon dont Mitt Romney a triomphé lors des caucus d'Iowa: winning ugly. Une victoire par huit voix sur Rick Santorum, rival jugé médiocre par plusieurs observateurs, ce n'est vraiment pas beau, mais cela fera l'affaire de l'ancien gouverneur du Massachusetts.

En remportant la première étape de la course à l'investiture républicaine pour la présidence, Mitt Romney a en effet confirmé son statut de favori pour affronter Barack Obama en 2012. Un statut que le candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008, John McCain, a voulu renforcer mercredi en annonçant son appui à son ancien rival lors d'un rassemblement électoral au New Hampshire, prochaine étape de la course.

«Je suis vraiment ici pour une seule et unique raison, et c'est pour m'assurer que Mitt Romney sera le prochain président des États-Unis d'Amérique et que le New Hampshire sera l'État qui le catapultera rapidement vers la victoire», a déclaré le sénateur d'Arizona, qui avait éclipsé Romney dans cet État de la Nouvelle-Angleterre lors de la primaire républicaine de 2008.

«Barack Obama peut courir, mais il ne peut se cacher», a-t-il ajouté en critiquant vivement le bilan économique du président démocrate.

Cet appui d'un membre de l'establishment républicain est sans doute précieux. Mais il ne peut cacher l'évidence: la victoire de Mitt Romney en Iowa est celle d'un favori mal-aimé. Jamais le vainqueur des caucus républicains ou démocrates de cet État n'aura remporté un pourcentage aussi faible des voix (24,6%). En fait, Romney aura réussi une sorte d'exploit en triomphant avec un pourcentage de suffrages inférieur à celui qu'il a récolté lors des caucus de 2008.

La chance de son côté

Même les supporteurs de Romney n'étaient pas unanimes dans leur enthousiasme pour leur candidat. Mardi soir en Iowa, plusieurs d'entre eux ont choisi l'ancien gouverneur du Massachusetts parce qu'ils estimaient ses chances de battre Barack Obama supérieures à celles de ses rivaux. Mais un certain nombre d'entre eux auraient souhaité pouvoir voter pour un autre candidat, notamment le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ou l'ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush.

Heureusement pour lui, Mitt Romney semble avoir la chance de son côté en 2012. Et la dernière manoeuvre de Rick Perry en est une illustration. Mardi soir, après avoir terminé au cinquième rang en Iowa avec 10% des voix, le gouverneur du Texas a annoncé son intention de rentrer au Texas pour examiner sa candidature. Or, dans un message publié mercredi matin sur Twitter, le gouverneur a indiqué qu'il restait dans la course et mettait le cap sur la Caroline-du-Sud, où aura lieu le 16 janvier une autre primaire républicaine.

Il s'agit à première vue d'une bonne nouvelle pour Romney, qui pourra compter sur Perry pour diviser le vote des chrétiens évangéliques de Caroline-du-Sud. Ceux-ci auraient vraisemblablement voté majoritairement pour Rick Santorum, dont l'opposition à l'avortement et au mariage homosexuel leur plaît.

Il est en outre difficile d'imaginer un scénario où Mitt Romney ne sort pas gagnant de la primaire du New Hampshire, qui aura lieu mardi prochain. Selon un sondage publié mercredi, le vainqueur des caucus de l'Iowa récolte 43% des intentions de vote dans cet État voisin du sien où il possède une résidence, contre 14% pour Ron Paul, 9% pour Jon Huntsman, 7% pour Newt Gingrich et 6% pour Rick Santorum.

Gingrich attaque

L'ancien gouverneur du Massachusetts devra cependant se méfier de Newt Gingrich. Après avoir fini quatrième en Iowa avec 13% des voix, l'ancien président de la Chambre des représentants a semblé se donner la mission d'attaquer Romney, à qui il reproche la campagne publicitaire dévastatrice dont il a été la cible en Iowa.

«Il fera bien [au New Hampshire], mais son pouvoir d'attraction demeure limité au sein d'un parti conservateur», a déclaré Newt Gingrich mercredi au New Hampshire.

Une journée après avoir traité Mitt Romney de «menteur», Gingrich s'est payé une publicité pleine page dans le plus important quotidien du New Hampshire, y qualifiant son rival de «modéré timide du Massachusetts».

Se décrivant dans cette même pub de «conservateur audacieux à la Reagan», Gingrich reviendra sans doute sur ce thème samedi soir au New Hampshire, à l'occasion d'un débat entre les candidats à l'investiture républicaine.