«Nous avons fait huit boulangeries, deux bowlings et une douzaine de pizzerias»: à l'heure des réseaux sociaux omniprésents, les candidats républicains à la Maison-Blanche comme Michèle Bachmann misent toujours sur le porte-à-porte dans leur campagne.

Le processus de désignation du candidat républicain qui affrontera le président démocrate Barack Obama le 6 novembre 2012 commence le 3 janvier dans l'Iowa. Il s'étalera ensuite État par État jusqu'à l'été.

La représentante Michèle Bachmann, qui essaye, comme d'autres, de refaire son retard sur les favoris des sondages en sillonnant en bus cet État du centre du pays où elle est née, a fait escale jeudi dans un magasin d'équipements agricoles à Tama, petite ville de 3000 habitants.

Pour un politique en campagne, pas de petits profits: Bachmann serre des mains et discute avec la trentaine de personnes présentes dans les allées du magasin remplies de lubrifiants pour moteurs, tronçonneuses, faucheuses et autres verrous.

Après avoir eu un échange individuel avec chacun des badauds, Michèle Bachmann remonte dans son bus qui affiche son nom et l'adresse de son site web et déverse des chants de Noël dans la campagne de l'Iowa, État rural et agricole.

«Je l'aime vraiment bien», dit Sandy Johannsen, une agricultrice de 65 ans qui fait pousser du maïs et des haricots.

Mme Johannsen dit qu'elle préfère voir les candidats en vrai plutôt que de se contenter des messages impersonnels laissés sur la boîte vocale de son téléphone ou sur sa boîte courriel «parce que je peux dire beaucoup de choses sur une personne que je vois en vrai, si elle dit la vérité ou non par exemple».

Les habitants de l'Iowa sont littéralement harcelés par les républicains en campagne et notamment par les «petits candidats» qui misent sur un bon résultat dans le premier État consulté pour lancer une dynamique de campagne.

À la télévision, les publicités vantent les mérites d'un candidat ou tentent d'en faire tomber un autre, le téléphone sonne toutes les cinq minutes pour délivrer un slogan de campagne, les affiches aux couleurs des candidats fleurissent dans les jardins et les militants frappent souvent à la porte.

Sans compter les candidats qui amassent par milliers «amis» et «fans» sur Facebook et «suiveurs» sur Twitter.

Mais pour les militants les plus aguerris, rien ne remplace une poignée de main et un échange de vive voix. «Le meilleur soutien dont un candidat peut bénéficier, c'est celui d'un voisin» qui fait campagne, explique Terry Holt, ancien porte-parole de la campagne victorieuse de George W. Bush en 2004.

Et «les candidats veulent être vus dans des scènes de la vie au quotidien, montrer qu'ils sont capables de se comporter comme tout le monde en s'arrêtant boire un café ou en parlant du beau temps», dit M. Holt à l'AFP.

Pour lui, Facebook et Twitter ne permettent pas de rentrer en contact avec la plupart des électeurs les plus âgés, «les électeurs les plus fiables» en raison de leur taux de participation souvent plus élevé que la moyenne. «Vous ne risquez pas de parler à beaucoup d'électeurs de plus de 45 ans avec un compte Twitter», tranche-t-il.

Carol Williams, qui dit avoir «plus de 65 ans» quand on lui demande son âge, est venue avec son mari Claude, «plus de 65 ans aussi», pour voir Bachmann parler à Iowa City -mais leur vote ira sans doute à l'ancien sénateur Rick Santorum, un autre «petit» candidat qu'ils ont rencontré mercredi.

«C'était une réunion de Noël» à moins de deux kilomètres de leur maison et M. Santorum «nous a parlé, a répondu aux questions et il nous a impressionné», a-t-elle dit à l'AFP. «Il nous a parlé comme si c'était un voisin, il avait l'air très authentique», dit Claude Williams.