Mitt Romney fait figure de favori républicain crédible pour la présidentielle de 2012 mais se voit obligé de donner des gages aux ultraconservateurs du Tea Party, dont l'influence reste une des clés de la bataille des primaires.

Au printemps 2012, le nom du républicain qui affrontera Barack Obama sera connu, ce qui devrait permettre à la campagne du président d'ouvrir les hostilités sur la proximité de ce candidat avec l'ultra-droite.

«Toute association ou position (proche du) Tea Party va se transformer en handicap à l'élection générale» en novembre 2012, affirme le politologue Thomas Mann du cercle de réflexion Brookings institution.

En attendant, avec un taux de chômage à 9,1%, une dette publique record et une croissance qui plafonne à 2,5%, la campagne républicaine penche à droite et force le modéré Mitt Romney à faire le grand écart au risque de perdre des voix au centre.

Le dernier revirement de M. Romney concerne le climat. «Ma position est que nous ne savons pas quelle est la cause du réchauffement climatique», a-t-il dit jeudi lors d'une réunion publique en Pennsylvanie, revenant sur d'anciennes déclarations dans lesquelles il reconnaissait le rôle de l'activité humaine.

Ses adversaires, républicains ou démocrates, exploitent au maximum le filon. Jon Huntsman, autre candidat républicain modéré, a diffusé récemment un clip de campagne dénonçant «les retournements de veste» de M. Romney.

David Plouffe, le stratège de campagne du président, a affirmé dimanche sur la chaîne NBC que si M. Romney, «pense qu'il est bon de dire pour gagner une élection, que le ciel est vert et l'herbe bleue, il le dira».

Mitt Romney «a déjà pris des positions qui sont très à droite du champ politique. Mais il n'est pas allé si loin que les autres», estime toutefois Thomas Mann, qui voit en M. Romney le seul candidat crédible.

Sur la droite de l'ex-gouverneur du Massachusetts, plusieurs candidats espèrent cristalliser le mécontentement des Américains face à la situation économique.

L'ex-patron de la chaîne de pizzerias Godfather's, Herman Cain, a effectué ces dernières semaines une percée surprenante au point de faire jeu égal avec M. Romney notamment dans l'Iowa, le premier État qui se prononcera sur le choix d'un candidat républicain le 3 janvier.

Mais M. Cain est trop «improbable» et sa candidature est «presque une parodie», juge M. Mann qui fait allusion à ses déclarations surprenantes, par exemple son idée de faire garder la frontière par des alligators.

En outre, le candidat noir doit désormais faire face à des accusations de harcèlement sexuel, des actes qu'il dément.

Relégué loin derrière les deux hommes de tête, Rick Perry, gouverneur du Texas, lui aussi un ultraconservateur, ne s'avoue pas vaincu. Après avoir dégringolé dans les sondages en septembre, il compte notamment sur son trésor de guerre, 17 millions de dollars récoltés en août et septembre derniers, pour refaire surface.

Les autres candidats conservateurs Ron Paul, Newt Gingrich, Michele Bachmann, Rick Santorum et le centriste Jon Hunstman n'ont pas à ce jour les faveurs de l'opinion. Et beaucoup d'électeurs restent encore indécis, environ deux tiers selon un récent sondage CNN.

Selon le site RealClearPolitics qui compile des sondages, M. Obama l'emporterait contre n'importe quel adversaire républicain si l'élection avait lieu maintenant.