Les autorités irakiennes, après des appels à l'aide répétés, ont salué samedi le projet de coalition internationale initié par les États-Unis pour lutter contre les djihadistes de l'État islamique (EI) qui sèment la terreur en Irak et en Syrie.

Ce projet a commencé à s'esquisser vendredi en marge du sommet de l'OTAN au Royaume-Uni, où le président Barack Obama s'est dit «confiant que les Alliés de l'OTAN et leurs partenaires sont prêts à rejoindre une vaste coalition internationale» pour «vaincre» l'EI.

Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité, ce groupe extrémiste sunnite mène depuis le 9 juin une vaste offensive en Irak et est engagé depuis 2013 dans la guerre en Syrie, proclamant un califat sur les vastes régions conquises dans ces deux pays voisins.

Devant la progression de l'EI dans le Nord irakien, poussant à la fuite des centaines de milliers de personnes et menaçant le Kurdistan, les États-Unis ont commencé à mener le 8 août des raids aériens contre ses positions, en appui aux forces kurdes et fédérales. Ils ont aussi envoyé plus de 800 conseillers militaires et soldats pour défendre leurs personnels et, avec d'autres pays occidentaux, ont transféré des armes aux Kurdes.

Mais après la décapitation en deux semaines par l'EI de deux journalistes américains enlevés en Syrie -James Foley et Steven Sotloff- et la menace de tuer un otage britannique, la communauté internationale s'est montrée encore plus déterminée à éradiquer ce groupe responsable de viols, d'exécutions, d'enlèvements et de persécutions.

«Nous accueillons favorablement» le projet de coalition pour contrer l'EI, a dit à l'AFP le ministre sortant irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, en admettant que les capacités de son pays étaient «limitées» et qu'il avait «besoin d'un soutien fort».

Il faut «vaincre» l'EI

M. Zebari a rappelé que son pays avait maintes fois appelé ses partenaires internationaux à l'aider à contrer cette «menace dangereuse, non seulement pour l'Irak et la région, mais aussi pour l'Europe, l'Amérique et les pays de l'OTAN».

Au début de l'offensive de l'EI, l'armée s'était retrouvée complètement dépassée, avant de se ressaisir et de reprendre ces dernières semaines quelques secteurs aux djihadistes avec l'appui aérien américain, des forces kurdes et des miliciens chiites.

Selon les Américains, «pour être efficace», la coalition doit apporter un «soutien militaire» à l'Irak, «stopper le flux des combattants étrangers, contrer le financement de l'EI, délégitimer son idéologie et traiter la crise humanitaire» provoquée par la fuite de 1,8 million d'Irakiens face aux violences en 2014.

Au sommet de l'OTAN, les représentants de dix pays (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Turquie, Pologne, Danemark, Canada, Australie) ont jeté les fondements de cette coalition, les États-Unis espérant qu'elle puisse voir le jour d'ici fin septembre.

Toutefois, sa nature et ses contours restent encore à définir. Pour tous néanmoins «la ligne rouge est: pas de troupes au sol», a résumé le secrétaire d'Etat John Kerry, attendu au Moyen-Orient pour rallier les partenaires des États-Unis à la future coalition.

Quoi qu'il en soit, l'EI doit «être vaincu», a indiqué le Conseil de sécurité de l'ONU après avoir condamné l'assassinat «odieux et lâche» de Steven Sotloff.

Nouvelles frappes américaines

Poursuivant ses exactions en Irak, l'EI a tué par balles deux médecins qui ont refusé de traiter ses combattants blessés, de même qu'une candidate aux législatives de mai, devant leur maison à Mossoul (nord), première ville à tomber aux mains des djihadistes en juin, selon un employé à la morgue et des témoins.

Pour leur part, les États-Unis ont mené de nouvelles frappes aériennes qui ont détruit sept véhicules de l'EI dans le nord irakien.

Alors que l'aide militaire en Irak est déjà en place, la question d'une éventuelle intervention contre l'EI en Syrie reste en suspens, en dépit des appels de l'opposition syrienne à des raids similaires à ceux menés en Irak par les États-Unis.

Mais le président français François Hollande a exclu pour l'heure une action en Syrie, le président Bachar al-Assad, dont la légitimité n'est pas reconnue par les alliés, pouvant mettre à profit des frappes pour se renforcer.

Le régime Assad, qui avait dénoncé le refus des Occidentaux de coopérer avec lui face à l'EI, a poursuivi ses frappes contre ces djihadistes dans leur bastion de Raqa (est de la Syrie), tuant 53 personnes, dont 31 civils et 15 djihadistes, selon une ONG.

La menace de l'EI est d'autant plus pressante que les Occidentaux redoutent l'exportation sur leur sol d'actes de terrorisme, ce groupe ayant attiré des centaines de leurs ressortissants.

Un ex-otage français en Syrie, le journaliste Nicolas Hénin, a d'ailleurs révélé samedi que Mehdi Nemmouche, le djihadiste français auteur présumé de la fusillade au Musée juif de Bruxelles en mai, avait été l'un de ses geôliers pendant sa détention.