Le président américain Barack Obama a assuré vendredi que l'État islamique, responsable d'atrocités en Irak et en Syrie, finirait par être vaincu, notamment grâce à la constitution d'une vaste alliance internationale.

«Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais nous avançons dans la bonne direction. Nous allons affaiblir et, in fine, vaincre l'État islamique», a assuré M. Obama au cours de sa conférence de presse à la clôture du sommet de l'OTAN vendredi à Newport (Royaume-Uni).

«Je m'en vais, confiant dans le fait que les Alliés de l'OTAN et leurs partenaires sont prêts à rejoindre une vaste coalition internationale», a ajouté le président américain, dont le pays a déclenché début août des frappes aériennes ciblées pour stopper l'avancée des djihadistes dans le nord de l'Irak.

Dans la matinée, les représentants de dix pays (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Turquie, Pologne, Danemark, Canada, Australie) s'étaient réunis pour jeter les fondements de cette coalition, en marge du sommet de l'OTAN.

«Il n'y a pas de temps à perdre», avaient plaidé le secrétaire d'État américain John Kerry et le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, souhaitant que celle-ci soit constituée d'ici à l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre à New York.

La menace de l'État islamique est d'autant plus pressante que les pays occidentaux redoutent l'exportation sur leur sol d'actes de terrorisme, l'EI ayant attiré quelque 2000 djihadistes européens en raison de sa très forte présence sur internet.

«La menace est relativement immédiate pour l'Europe», a ainsi estimé vendredi l'un des piliers de l'antiterrorisme américain, Matthew Olsen, qui dirige le Centre national de l'antiterrorisme.

Une coalition aux contours encore flous

Le Canada a déjà annoncé vendredi qu'il allait déployer «plusieurs dizaines» de militaires en Irak «pour fournir des conseils et de l'assistance» à l'armée irakienne.

Toutefois, les objectifs, la nature et les contours de cette coalition restent encore à définir. Pour les participants à la réunion de vendredi, «la ligne rouge est: pas de troupes (de combat) au sol», a résumé John Kerry.

Selon les Américains, «pour être efficace, elle doit s'articuler autour de plusieurs axes: soutien militaire à nos partenaires irakiens, stopper le flux des combattants étrangers, contrer le financement de l'État islamique, traiter la crise humanitaire et délégitimer son idéologie».

Certains pays se sont toutefois montrés plus nuancés. «Nous commençons tout juste à traiter la question d'un groupe (l'«État islamique»), contre lequel personne n'a de stratégie à long terme», a souligné le chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier. L'Allemagne va, comme la France, toutefois fournir des armes aux Kurdes qui combattent les djihadistes dans le nord de l'Irak.

Le président français François Hollande s'est pour sa part dit prêt à participer à une coalition «dans le respect du droit international», refusant de donner plus de détails sur les futures actions de la France.

Une chose est sûre, les États-Unis ne veulent pas une réédition de la coalition qui avait permis à Washington d'envahir l'Irak en 2003: «Nous ne voulons en aucune manière que cela ressemble à ce qui a été fait en 2003 lors de l'invasion de l'Irak», a argumenté la porte-parole du département d'État, Marie Harf.

L'écueil de la Syrie

De nombreuses questions restent en outre en suspens, au premier rang desquelles le cas de la Syrie.

L'État islamique, qui a déclenché en juin une offensive fulgurante et pris le contrôle d'une large partie du nord de l'Irak, est également présent en Syrie, où il a proliféré en tirant avantage de la guerre qui la ravage depuis plus de trois ans. L'EI a proclamé en juillet l'établissement d'un califat islamique à cheval sur ces deux pays, et tous les Alliés reconnaissent que la Syrie fait partie du problème.

Mais M. Hollande a exclu pour l'heure une action dans ce pays, dirigé par un président Bachar al-Assad dont la légitimité n'est pas reconnue par les alliés et qui pourrait mettre à profit des frappes pour se renforcer.

«Nous ne sommes pas dans les mêmes situations de droit international. Dans un cas, l'Irak, ce sont les autorités que nous considérons comme légitimes qui nous appellent (à l'aide). Dans l'autre, qui nous appellerait?» s'est-il interrogé.

Barack Obama a lui-même reconnu la semaine dernière que les États-Unis n'avaient pas encore arrêté de stratégie pour la Syrie.

M. Kerry est attendu ce week-end au Moyen-Orient pour convaincre les pays de la région de rejoindre la future coalition, alors même que six monarchies arabes du Golfe se réunissent samedi en Arabie saoudite.

Une menace «immédiate» pour l'Europe, selon Washington

Les détenteurs de passeports européens qui se battent dans les rangs de l'État islamique en Irak et en Syrie constituent une menace «immédiate» sur leurs pays d'origine, a estimé vendredi l'un des piliers de l'antiterrorisme américain.

Compte tenu de leur nombre bien plus élevé, les djihadistes européens sont en outre bien plus dangereux que les combattants américains, qui seraient environ une dizaine dans les rangs de l'État islamique (EI), selon une estimation du Pentagone.

L'EI aurait ainsi attiré quelque 2000 djihadistes européens, grâce notamment à sa très forte présence sur internet selon les services de renseignement.

«La menace est relativement immédiate pour l'Europe», a déclaré Matthew Olsen, qui dirige le Centre national de l'antiterrorisme lors d'une rencontre avec la presse près de Washington.

La coopération entre les agences de renseignement américaines et leurs homologues européennes a été renforcée, dans l'espoir de mieux traquer ces jihadistes, dont certains pays européens craignent qu'ils n'exportent l'extrémisme une fois rentrés de Syrie ou d'Irak.

Les demandes d'informations adressées par Washington aux capitales européennes sont aujourd'hui bien plus rapidement satisfaites qu'il y a encore un an, a souligné Nicholas Rasmussen, l'adjoint de M. Olsen.

«Les portes nous sont grandes ouvertes, nous n'avons pas à quémander d'informations», a dit M. Rasmussen.