L'armée irakienne a lancé une offensive pour briser le siège imposé par l'État islamique (EI) à une ville turcomane, tandis que les États-Unis menaient des frappes et des largages humanitaires sur la zone.

Les djihadistes sunnites ultra-radicaux de l'EI sont engagés depuis 2013 dans la guerre en Syrie et mènent depuis le 9 juin une vaste offensive en Irak, proclamant un califat sur les vastes régions conquises dans ces deux pays voisins.

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a prévenu que l'Occident serait la prochaine cible de ces djihadistes à moins qu'il n'agisse «rapidement», après que la Grande-Bretagne a relevé, pour la première fois depuis 2011, à «grave» son niveau d'alerte, face à la menace de l'EI.

En Irak, l'armée appuyée par des miliciens chiites et combattants kurdes, a lancé un assaut pour desserrer l'étau autour de la ville turcomane chiite d'Amerli, à 160 km au nord de Bagdad, assiégée depuis plus de deux mois par l'EI, selon des responsables.

Les soldats, appuyés par un soutien aérien irakien, avançaient depuis le sud vers la ville tandis que des milliers de miliciens chiites progressaient depuis le nord, selon eux. Ils ont réussi à reprendre 10 villages sur le chemin d'Amerli, et des renforts ont été envoyés.

Parallèlement, des avions américains, australiens, français et britanniques ont largué samedi de l'aide humanitaire sur la ville, a indiqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Il a précisé que ces largages étaient accompagnés de «frappes coordonnées à proximité contre des terroristes de l'État islamique».

Des femmes «vendues» par l'EI 

Les djihadistes de l'EI, accusés de «nettoyage ethnique» par l'ONU, ont commis de nombreuses exactions dans le nord de l'Irak, notamment contre les minorités yazidie et chrétienne, dont des dizaines de milliers de personnes ont réussi à prendre la fuite.

Plus de 1,6 million d'Irakiens ont été déplacés cette année par les violences en Irak, dont 850 000 durant le seul mois d'août, selon l'Organisation internationale des migrations.

Samedi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme a annoncé que l'EI avait «vendu» en Syrie «au moins 27» femmes yazidies capturées en Irak.

Alors que les forces irakiennes n'ont repris que très peu de secteurs aux djihadistes, le ministère de la Défense a annoncé avoir reçu des hélicoptères de combat russes Mi-28 pour les aider dans leur lutte.

Les États-Unis ont aidé avec des frappes aériennes l'armée irakienne et les combattants kurdes à repousser l'EI dans le nord et à reprendre le barrage de Mossoul. Ils ont également livré des armes aux Kurdes.

Samedi en fin de journée, le Pentagone a annoncé que l'armée américaine avait procédé à de nouvelles frappes près du barrage stratégique de Mossoul, détruisant «un véhicule armé de l'EI, une position de combat de l'EI, des armes de l'EI, et endommageant de manière significative un bâtiment de l'EI».

75 Casques bleus évacués au Golan 

Dans une tribune dans le New York Times, le secrétaire d'État John Kerry, attendu dans la région après une réunion de l'OTAN les 4 et 5 septembre, a appelé à une «réaction conjuguée conduite par les États-Unis et la plus large coalition de nations possible» contre l'EI.

«Nous ne permettrons pas au cancer de l'EI de s'étendre à d'autres pays. Le monde peut affronter ce fléau, et au bout du compte le vaincre», a-t-il assuré, en dénonçant les intentions «génocidaires» de l'EI.

L'Australie a annoncé dimanche qu'elle allait aider les États-Unis à acheminer des armes aux forces kurdes en Irak.

Canberra s'emploie avec d'autres nations à atténuer la «catastrophe humanitaire» qui afflige l'Irak et à «répondre à la menace sécuritaire posée par l'EI», a justifié le premier ministre australien Tony Abbott.

Le président Barack Obama a reconnu jeudi que les États-Unis n'avaient «pas encore de stratégie» pour lutter contre ce groupe. Mais M. Kerry a souligné que M. Obama proposerait un plan d'action à une réunion de l'ONU en septembre.

Se déclarant prêtes à agir «contre les menaces terroristes» de l'EI, les monarchies du Golfe ont demandé «plus de détails» sur la «coalition» réclamée par Washington, après un avertissement du roi saoudien contre le danger de ces djihadistes. «Si on les néglige, je suis sûr qu'ils parviendront au bout d'un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique.»

En Syrie, la totalité des 75 Casques bleus philippins de la Force des Nations unies pour le désengagement sur le Golan (UNDOF) ont pu être dégagés sains et sauf des positions où ils étaient bloqués par des combats, ont indiqué l'armée philippine et l'ONU.

Quarante-quatre Casques bleus fidjiens sont toujours retenus par des groupes rebelles.