L'armée irakienne a lancé samedi une offensive pour briser le siège imposé par l'État islamique (EI) à une ville turcomane, au moment où Washington cherche à former une large coalition pour combattre ce groupe responsable de terribles exactions en Irak et en Syrie.

Les djihadistes sunnites ultra-radicaux de l'EI, qui posent une menace sans précédent selon les Occidentaux, sont engagés depuis 2013 dans la guerre en Syrie et mènent depuis le 9 juin une vaste offensive en Irak, proclamant un califat sur les vastes régions conquises dans ces deux pays voisins.

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a prévenu que l'Occident serait la prochaine cible de ces djihadistes à moins qu'il n'agisse «rapidement», après que la Grande-Bretagne a relevé, pour la première fois depuis 2011, à «grave» son niveau d'alerte, face à la menace de l'EI.

En Irak, l'armée appuyée par des miliciens chiites et combattants kurdes, a lancé un assaut pour desserrer l'étau autour de la ville turcomane chiite d'Amerli, à 160 km au nord de Bagdad, assiégée depuis plus de deux mois par l'EI, selon des responsables.

Les soldats, appuyés par un soutien aérien irakien, avançaient depuis le sud vers la ville tandis que des milliers de miliciens chiites progressaient depuis le Nord, selon eux. Ils ont réussi à reprendre 10 villages sur le chemin d'Amerli, et des renforts ont été envoyés.

Les habitants d'Amerli manquent d'eau et de nourriture et craignent d'être tués par les djihadistes. L'ONU a mis en garde contre un «massacre» après avoir souligné l'impossibilité d'évacuer les habitants.

Des femmes «vendues» par l'EI

Les djihadistes de l'EI, accusés de «nettoyage ethnique» par l'ONU, ont commis de nombreuses exactions dans le nord de l'Irak, notamment contre les minorités yazidie et chrétienne, dont des dizaines de milliers de personnes ont réussi à prendre la fuite.

Plus de 1,6 million d'Irakiens ont été déplacés cette année par les violences en Irak, dont 850 000 durant le seul mois d'août, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Samedi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a annoncé que l'EI avait «vendu» en Syrie «au moins 27» femmes yazidies capturées en Irak.

Alors que les forces irakiennes n'ont repris que très peu de secteurs aux djihadistes, le ministère de la Défense a annoncé avoir reçu des hélicoptères de combat russes Mi-28 pour les aider dans leur lutte.

Les États-Unis ont aidé avec des frappes aériennes l'armée irakienne et les combattants kurdes à repousser l'EI dans le Nord et à reprendre le barrage de Mossoul. Ils ont également livré des armes aux Kurdes.

Mais cela n'a pas suffi.

Dans une tribune dans le New York Times, le secrétaire d'État John Kerry, attendu dans la région après une réunion de l'OTAN les 4 et 5 septembre, a appelé à une «réaction conjuguée conduite par les États-Unis et la plus large coalition de nations possible» contre l'EI.

«Nous ne permettrons pas au cancer de l'EI de s'étendre à d'autres pays. Le monde peut affronter ce fléau, et au bout du compte le vaincre», a-t-il assuré, en dénonçant les intentions «génocidaires» de l'EI.

Le président Barack Obama a reconnu jeudi que les États-Unis n'avaient «pas encore de stratégie» pour lutter contre ce groupe. Mais M. Kerry a souligné que M. Obama proposerait un plan d'action à une réunion de l'ONU en septembre.

32 Casques bleus évacués au Golan

Se déclarant prêtes à agir «contre les menaces terroristes» de l'EI, les monarchies du Golfe ont demandé «plus de détails» sur la «coalition» réclamée par Washington, après un avertissement du roi saoudien contre le danger de ces djihadistes. «Si on les néglige, je suis sûr qu'ils parviendront au bout d'un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique».

En Syrie, 32 Casques bleus philippins des 72 qui étaient bloqués dans leurs positions sur le plateau du Golan en raison de combats ont été évacués. Des efforts sont en cours pour obtenir la libération de 44 Casques bleus fidjiens retenus par des groupes rebelles.

En bientôt trois ans et demi, le conflit en Syrie, devenu de plus en plus complexe avec l'affaiblissement de la rébellion syrienne face à la montée en puissance de l'EI, a fait plus de 191.000 morts selon l'ONU et poussé quelque 9 millions d'habitants à fuir leurs foyers, près de 50 % de la population.

Enfin, l'EI a créé sa première «wilaya» à cheval entre l'Irak et la Syrie, terme désignant une région administrative autonome à l'époque des califes, a affirmé l'OSDH. Il a fusionné les villes frontalières syriennes de Boukamal et irakiennes d'Al-Qaïm bordée par le fleuve de l'Euphrate, ainsi que les villages environnants, en «''wilaya'' baptisée ''Al-Furat'' (Euphrate)».

Le Golfe veut «plus de détails»

Les monarchies du Golfe veulent avoir «plus de détails» sur ce que les États-Unis pourraient leur demander dans le cadre d'une «coalition» pour combattre les jihadistes de l'État islamique (EI) en Syrie et en Irak, a déclaré samedi le ministre koweïtien des Affaires étrangères.

Cheikh Sabah Khaled Al-Sabah s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion à Jeddah dans l'ouest de l'Arabie saoudite, avec ses cinq collègues du Conseil de coopération du Golfe (CCG - Arabie saoudite, Qatar, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn).

«Nous avons tous entendu ce que le président (Barack) Obama a dit (jeudi) sur une coalition et sur le fait qu'il ait demandé à John Kerry (le secrétaire d'État) de se rendre dans la région et de former cette coalition», a-t-il dit.

«Nous attendons d'avoir plus de détails pour savoir ce qui est demandé dans la prochaine phase», a ajouté le ministre en soulignant qu'à ce stade, les pays du Golfe n'avaient «pas d'informations suffisantes et de détails sur ce que le président a évoqué (...) Nous attendons (John) Kerry».

Jeudi, M. Obama a déclaré sans détours que les États-Unis n'avaient «pas encore de stratégie» pour combattre les jihadistes de l'EI qui contrôlent des pans de territoire en Syrie et en Irak.

Soulignant la nécessité de s'appuyer sur des «partenaires régionaux forts», il a annoncé que John Kerry se rendrait prochainement dans la région pour bâtir une coalition. M. Kerry doit au préalable participer, avec le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, à un sommet de l'OTAN au Pays de Galles les 4 et 5 septembre.

Dans une tribune dans le New York Times, M. Kerry a appelé à une «réaction conjuguée conduite par les États-Unis et la plus large coalition de nations possible» contre l'EI, qui a multiplié les atrocités ces dernières semaines, avec notamment la décapitation du journaliste américain James Foley.