Le ministre irakien des Affaires étrangères a appelé dimanche la communauté internationale à aider son pays à lutter contre les djihadistes, un combat pour lequel son homologue iranien lui a assuré le soutien de Téhéran.

Washington, qui a mené depuis le 8 août plus de 90 frappes contre les djihadistes de l'État islamique (EI) dans le nord de l'Irak, s'est dit de son côté déterminé à poursuivre ses raids, menaçant d'étendre son intervention à la Syrie voisine.

Le gouvernement irakien fait face depuis le 9 juin à une offensive de l'EI, un groupe sunnite extrémiste, qui s'est emparé de territoires dans cinq provinces du pays, entraînant la fuite de dizaines de milliers de personnes.

L'Irak «a besoin d'aide et de soutien de la part de tout le monde (...) de toutes les forces contre le terrorisme», mais pas sous la forme de troupes, car «les hommes combattant ne manquent pas», a déclaré le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari lors d'une conférence de presse.

Son homologue iranien Mohammed Javad Zarif, qui s'exprimait à ses côtés, a assuré Bagdad de l'aide de son pays, mais démenti toute présence de soldats iraniens en Irak.

«Nous coopérons et travaillons (...) avec le gouvernement irakien et avec le gouvernement kurde pour repousser ce groupe», a dit M. Zarif.

«Mais nous ne croyons pas que (les gouvernements kurde et irakien) ont besoin de la présence de soldats iraniens» pour le contrer, a-t-il ajouté.

Cependant, la mort fin juillet d'un pilote iranien dans des combats en Irak et la présence d'avions de combat venus probablement d'Iran semblent indiquer, selon des experts, une implication plus directe de la République islamique chez son voisin.

M. Zarif, dont le pays est un allié du régime syrien, a en outre appelé à davantage d'efforts internationaux pour lutter contre l'EI.

L'EI «est en train de commettre des actes horrifiants de génocide et des crimes contre l'humanité» et «doit être stoppé par la communauté internationale et par tous les pays de la région», a plaidé M. Zarif.

«Coopération historique»

Le groupe djihadiste est également très actif dans la Syrie en guerre, où il a pris dimanche l'aéroport de Tabqa, dernier bastion du régime de Bachar al-Assad dans la province septentrionale de Raqa.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de 541 morts, dont 170 soldats tués pour la seule journée de dimanche, depuis le lancement mardi de l'assaut des djihadistes contre l'aéroport. Côté djihadistes, 346 ont péri en six jours de combats.

En Irak, le groupe a lancé samedi soir un nouvel assaut pour s'emparer de la principale raffinerie du pays, à Baïji (200 km au nord de Bagdad). Les combats se sont poursuivis dimanche.

Les djihadistes s'étaient emparés le 7 août du plus grand barrage du pays, près de Mossoul, avant que les forces gouvernementales et kurdes, avec l'aide des frappes aériennes américaines, ne le reprennent dix jours plus tard.

Les forces kurdes sont également parvenues à reprendre dimanche le secteur de Qaraj, au sud-est de Mossoul.

«Nous avons lancé une attaque ce matin sur les positions des combattants (de l'EI)» dans le secteur de Qaraj, forçant à la fuite les djihadistes après deux heures de combat, a indiqué le colonel peshmerga Salim al-Sorchi.

Le vice-président américain Joe Biden et le chef des Kurdes Massoud Barzani se sont entretenus au téléphone des opérations militaires en cours.

«Ils ont convenu de l'importance de continuer la coopération historique en cours entre les peshmergas et les forces de sécurité irakiennes, qui - avec le soutien des États-Unis et d'autres partenaires - ont aidé à reprendre le stratégique barrage de Mossoul», a déclaré la Maison-Blanche.

«Objectifs très importants»

À Bagdad, le pouvoir tente toujours d'apaiser les tensions confessionnelles attisées par une attaque ayant fait 70 morts vendredi contre une mosquée sunnite dans la région de Diyala (nord-est de Bagdad) qui avait entraîné des heurts entre sunnites et chiites.

Le premier ministre désigné Haïdar al-Abadi a appelé ses concitoyens «à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l'Irak de provoquer des troubles».

L'attaque, perpétrée par des miliciens chiites, risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le gouvernement à majorité chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI, et compliquer davantage les tractations en vue de former un gouvernement d'union.

La première tâche du nouveau gouvernement sera de stopper l'avancée des djihadistes, réputés pour leurs exactions, en particulier contre les chrétiens et les Yazidis, déplacés par dizaines de milliers début août dans le nord du pays.

Les frappes aériennes américaines, qui ont réussi à freiner la progression des djihadistes, ne devraient pas faiblir après le choc causé par l'exécution du journaliste américain James Foley et malgré la menace de l'EI de tuer un second otage américain, le journaliste Steven Sotloff, si les raids se poursuivaient.