Les «indignés» de Toronto pourront demeurer dans le parc du centre-ville qu'ils occupent depuis un mois le temps que la cour tranche au sujet des avis d'expulsion émis par la Ville.

Les manifestants d'Occupons Toronto se sont présentés devant un tribunal, mardi, après avoir reçu les avis afin d'obtenir une injonction contre leur expulsion.

Le juge a statué que les contestataires ne pouvaient pas être délogés avant qu'il n'ait rendu sa décision dans cette affaire, qui sera débattue en cour vendredi. Il a toutefois ordonné qu'aucune nouvelle structure ne soit érigée dans le parc.

Mardi matin, des agents municipaux ont circulé entre les tentes afin de distribuer les avis aux campeurs sous la surveillance de quelques policiers.

Les protestataires ont déclaré qu'ils ne bougeraient pas et qu'ils contesteraient la décision de la Ville.

Les avis stipulent que le fait d'occuper le parc St. James entre minuit et 5h, et d'y ériger des structures contrevient aux règlements municipaux.

Les indignés ont pris possession du parc situé plusieurs pâtés de maison à l'est de Bay Street le 15 octobre dans le cadre du mouvement «Occupons» lancé à Wall Street afin de dénoncer la cupidité des entreprises et l'écart grandissant entre les riches et les pauvres.

Les quelques tentes dressées ce week-end-là se sont rapidement transformées en un mini-village avec une bibliothèque, un centre des médias, une infirmerie ainsi que des espaces consacrés à la cuisine et à la logistique.

«La Ville reconnaît aux Canadiens le droit de se rassembler et de manifester», a déclaré le directeur général de Toronto, Joe Pennachetti, dans une lettre ouverte aux campeurs. «Toutefois, elle ne peut pas permettre que l'utilisation actuelle du parc St. James se poursuive.»

Photo: James MacDonald, La Presse Canadienne

La police de Toronto a arrêté un manifestant qui protestait pour appuyer les protestataires qui ont été expulsés d'un parc de New York au cours de la nuit.

La missive disait aussi que la Ville prendrait les «mesures nécessaires» pour retirer les tentes et les autres structures si les manifestants ne le faisaient pas eux-mêmes.

Mardi après-midi, une vingtaine de personnes se sont réunies devant l'hôtel de ville de Toronto afin de dénoncer les avis d'expulsion.

D'autres protestataires ont marché dans le centre-ville afin d'exprimer leur soutien à leurs homologues de Wall Street, qui ont été expulsés du parc qu'ils occupaient à Manhattan durant la nuit.

Ils se sont rassemblés devant un bâtiment qui abrite la compagnie Brookfield Properties, qui possède le parc duquel les indignés ont été chassés à New York.

La police torontoise a arrêté deux contestataires âgés de 29 et 47 ans, qui ont été accusés de voies de fait sur un agent de la paix.

Partout à travers le pays, les villes ont clairement fait savoir aux indignés que leur patience avait atteint sa limite. Certaines municipalités, dont Halifax, London et Saskatoon, ont même déjà fait le ménage.

À Regina, les forces de l'ordre ont donné des contraventions à sept personnes lundi soir parce qu'elles se trouvaient dans le parc Victoria après l'heure de fermeture.

Du côté de Calgary, les manifestants de la place Olympic ont chanté «Kumbaya», mardi, pendant que les policiers distribuaient des avis leur accordant 24 heures pour quitter les lieux.

Dans d'autres villes, les contestataires ont défié les avis d'expulsion. À Vancouver, des employés municipaux ont retiré plusieurs tentes et toiles afin de faire respecter un ordre de la cour exigeant que le campement respecte les règlements en matière de sécurité.

La Ville prévoyait demander mercredi à la Cour suprême de la Colombie-Britannique une injonction lui permettant d'expulser les indignés. Victoria était également en cour, mardi, pour les mêmes raisons.

À Montréal, la police a toutefois fait savoir qu'elle n'avait pas l'intention de forcer les protestataires à quitter le square Victoria.

«Tant qu'il n'y a pas de crime ou d'excès, nous allons tolérer la présence de tentes sur les lieux», a affirmé l'inspecteur Marc St-Cyr.