Les quelques dizaines d'«indignés» de Québec n'ont pas l'intention de plier bagage malgré l'ultimatum lancé jeudi par le maire Régis Labeaume.

Lors d'une assemblée tenue dans un abri de fortune sur la place de l'Université-du-Québec, les occupants ont massivement choisi de défier le maire et de demeurer sur place. Jeudi soir, les militants étaient toujours présents, encadrés par des forces policières et observés par divers médias.

«À l'unanimité, on a décidé de rester ici parce que nous faisons partie d'un mouvement extraordinaire qui s'étend partout à travers le monde pour dénoncer le capitalisme sauvage», a indiqué aux médias l'un des militants, Benjamin Cliche.

«Ici, c'est un lieu où des citoyens du monde, cultivés, qui travaillent et qui ont des familles, viennent exprimer leur indignation face au système actuel», a-t-il ajouté.

Le maire Labeaume a accordé quelques heures jeudi matin aux «indignés» pour qu'ils retirent la quarantaine de tentes montées sur les lieux, à défaut de quoi les services de police et d'incendie seront appelés à intervenir.

Pour justifier l'expulsion, l'administration municipale a invoqué des raisons de sécurité, notamment en regard des risques d'incendie reliés aux foyers à ciel ouvert, aux rallonges électriques et aux bonbonnes de propane installées ici et là.

Un début d'incendie mardi matin dans l'une des tentes montées sur place pourrait expliquer la volte-face du maire qui s'était pourtant jusqu'ici montré sympathique aux manifestants.

Déterminés à poursuivre leur occupation, les militants se disent néanmoins prêts à revoir l'aménagement du site de façon à accroître la sécurité des lieux.

«On ne veut pas qu'il y ait de feu, tout le monde veut assurer sa sécurité. On dit à la Ville et aux pompiers: venez et dites-nous si c'est sécuritaire et si ça ne l'est pas, on va tout changer» ce qui fait défaut, a dit Benjamin Cliche.

Selon le porte-parole de la Ville, Jacques Perron, les occupants ont eu amplement l'occasion ces 15 derniers jours de faire entendre leur message.

«On ne veut pas les empêcher de protester, bien au contraire, on partage en partie leurs doléances. Ils peuvent manifester, mais on leur dit de cesser d'occuper le site de façon permanente», a-t-il fait valoir.

M. Perron est resté discret sur les mesures qu'entendent prendre les autorités maintenant que les militants ont choisi de poursuivre leur occupation. Pour l'instant, la manière forte semble exclue.

«On ne veut pas en faire des martyres, on ne va pas «varger» dedans. On souhaite qu'ils comprennent notre position», a dit le porte-parole.

Dans un communiqué transmis jeudi soir, la Ligue des droits et libertés a exprimé son opposition à cette atteinte injustifiée, selon elle, à l'exercice de la liberté d'expression. «En regard des enjeux de société fondamentaux soulevés par les «indignés» de Québec, les raisons invoquées pour éteindre leurs voix apparaissent bien dérisoires.»

La Ligue des droits et libertés a voulu rappeler à la population et aux élus que la liberté d'expression était reconnue comme étant le socle de la démocratie. «Elle est reconnue dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans les pactes internationaux.»