Les États-Unis ont appelé mercredi la communauté internationale, au cours d'une conférence à Washington, à renforcer l'arsenal civil contre les djihadistes du groupe État islamique (EI) pour prolonger les succès militaires en Irak et en Syrie.

«Au fur et à mesure que nous battons l'EI sur le champ de bataille, le groupe s'adapte à nos succès», a déclaré Nathan Sales, coordinateur de la diplomatie américaine pour le contre-terrorisme, à la presse.

«Le combat n'est pas du tout terminé, il s'agit simplement d'une nouvelle phase. Nous passons d'un effort avant tout militaire à un effort de plus en plus civil et répressif», a-t-il ajouté au terme d'une conférence de deux jours organisée avec Interpol et l'Institut international pour la Justice et l'État de droit, en présence de quelque 90 pays et organisations.

L'administration américaine a mis en avant trois outils pour poursuivre le combat.

D'abord les sanctions financières. À ce titre, elle a annoncé avoir placé sur sa liste noire des organisations et individus «terroristes» sept branches de l'EI (en Afrique de l'Ouest, aux Philippines, au Bangladesh, en Somalie, en Egypte et en Tunisie) et deux de leurs dirigeants: Abu Mossad Al Barnaoui, chef d'une faction du groupe djihadiste Boko Haram au Nigeria et en Afrique de l'Ouest, ainsi que Mahad Moalim, un des leaders de l'EI-Somalie.

«Ces terroristes» ont «répandu la campagne sanglante de l'EI aux quatre coins de la planète», a expliqué M. Sales, et les sanctions visent à souligner le fait qu'il s'agit d'un «réseau mondial», «de plus en plus décentralisé».

«Nous attirons l'attention de la communauté internationale sur le fait que la chute du soi-disant califat en Irak et en Syrie ne signifie pas que l'EI n'a plus de pouvoir, bien au contraire», a-t-il insisté.

La deuxième arme préconisée par Washington est la généralisation du «Passenger Name Record», un registre de données des passages aériens, «un outil contre-terroriste incroyablement puissant» dont les membres de l'ONU doivent se doter, à l'instar des États-Unis.

Enfin, l'administration américaine appelle ses alliés à renforcer l'usage de la biométrie pour améliorer le contrôle aux frontières.

Interrogé sur le sort à réserver aux djihadistes étrangers arrêtés en Irak ou en Syrie - un débat qui bat son plein notamment en France où les autorités hésitent entre procès sur place ou devant la justice française pour leurs ressortissants - Nathan Sales a estimé que les pays ne devraient pas «attendre que d'autres résolvent leurs problèmes à leur place».

Selon lui, c'est au pays d'origine du djihadiste arrêté d'engager des poursuites judiciaires.