Ottawa enquête sur des informations voulant que deux djihadistes canadiennes aient été capturées par l'armée irakienne en même temps qu'une vingtaine d'étrangères membres du groupe armé État islamique (EI) qui s'étaient terrées dans un tunnel sous la ville de Mossoul, comme le rapportent des médias irakiens.

La nouvelle a semé l'angoisse chez les familles de plusieurs jeunes Québécoises parties rejoindre les rangs de l'EI et dont les parents sont sans nouvelles.

Le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de Montréal dit avoir reçu plusieurs appels, mardi, de la part de parents inquiets qui tentaient de savoir si leur fille avait été arrêtée.

«Ils avaient gardé un certain contact même si l'État islamique contrôlait les communications. Ils se parlaient de temps en temps. Mais depuis les bombardements [à Mossoul], il y a quelques semaines, ils n'ont pas eu de nouvelles», raconte Herman Deparice-Okomba.

Il estime que six Québécoises se trouveraient actuellement quelque part dans le territoire de l'EI. Les six familles sont dans le noir le plus total, dit-il.

Cachées dans un tunnel

La nouvelle a de quoi les alarmer : selon un responsable du contre-terrorisme irakien cité par plusieurs journaux établis au Proche-Orient, une vingtaine de djihadistes étrangères ont été arrêtées il y a quelques jours alors qu'elles étaient cachées dans un tunnel secret sous les rues du quartier de Quleiat, dans la ville assiégée, ancien fief de l'EI.

Elles auraient eu en leur possession des ceintures d'explosifs, que certaines portaient sur elles, et des armes, affirment les mêmes médias.

Elles auraient fait partie d'une unité spéciale de la police de la moralité du groupe armé qui est composée uniquement de femmes.

Dans le groupe : cinq Allemandes, trois Russes, trois Turques, des Libyennes et des Syriennes, une Tchétchène et... deux Canadiennes.

Vrai? Le gouvernement canadien en est à valider l'information. «Nous sommes au courant de ces rapports médiatiques. Nous sommes en contact avec les autorités locales afin d'obtenir plus de renseignements», a indiqué mardi un porte-parole d'Affaires mondiales Canada, Jocelyn Sweet.

Ottawa faisait notamment des vérifications auprès du personnel sur le terrain et de l'ambassade du Canada en Irak.

Une Allemande identifiée

Le cas d'une Allemande de 16 ans arrêtée lors de la même opération dans le tunnel de Quleiat donne de la crédibilité aux informations véhiculées par les médias irakiens.

Les photos de la capture de Linda Wenzel, disparue il y a un an de son village de Pulsnitz, près de Dresden, ont fait le tour de la Toile. On la voit escortée par plusieurs hommes armés, vêtue d'une longue robe noire, le visage sale et les cheveux décoiffés.

Les voisins de sa famille en Allemagne l'ont reconnue et ont confié à des médias européens leur surprise de la voir ainsi. Son histoire avait fait la manchette à l'époque de son départ d'Allemagne.

À l'instar du gouvernement canadien, les autorités allemandes ont indiqué qu'elles tentaient de confirmer l'identité de ses ressortissants capturés, dont celle de Linda Wenzel.

Un bémol

Amarnath Amarasingam, chercheur à l'Université Dalhousie et expert de l'extrémisme islamiste, a suivi le dossier de près, mardi.

Certaines informations transmises dans les médias proche-orientaux concernant les femmes débusquées sous terre l'ont fait sursauter, dont celles voulant qu'elles aient été armées et qu'elles aient porté des ceintures explosives.

M. Amarasingam lance cet avertissement : «Je crois qu'il faut aborder les informations provenant des militaires irakiens avec un degré de scepticisme, dit-il. Ils semblent avoir conclu que quiconque est encore à Mossoul est automatiquement un combattant de l'EI. Cela peut être vrai pour beaucoup d'hommes, mais je ne suis pas sûr qu'on peut dire la même chose à propos des femmes et des enfants.»