L'alliance arabo-kurde soutenue par les États-Unis s'est emparée d'un nouveau quartier à Raqqa, mais peine à consolider ses positions face à la farouche résistance du groupe État islamique (EI) dans son principal fief de Syrie, selon un combattant et une ONG.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont repris jeudi soir à l'EI le quartier de Batani, dans l'est de Raqqa, ville du nord du pays ravagé par plus de six ans de guerre.

Elles ont ensuite «lancé une offensive sur le quartier voisin de Rmeila», a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Au cours des combats qui ont fait rage dans ce secteur vendredi, l'EI a eu recours à sa traditionnelle tactique défensive, avec des drones, des tireurs embusqués et des attaques à la bombe, selon M. Abdel Rahmane.

Les djihadistes ont également lancé des voitures bourrées d'explosifs pour ralentir l'avancée des troupes, a témoigné l'un des combattants des FDS présent près de Rmeila.

«Ils envoient des voitures piégées sur nos positions et posent des mines à mesure qu'ils reculent», a déclaré à l'AFP le combattant âgé de 30 ans, qui se présente comme «Abou».

Les civils «ne peuvent pas se déplacer. Ils ne peuvent pas fuir durant la journée à cause des tireurs embusqués», a-t-il ajouté.

Destructions

Selon le combattant, son unité a réussi à ouvrir une route sécurisée pour les résidents de Rmeila, pris au piège des combats.

Abdel Halim Olaywi, un habitant de 56 ans, a pu fuir par cette route, mais il était déjà trop tard pour sa soeur.

«Il y a dix jours, une frappe a touché notre maison. Ma soeur a été blessée à l'estomac. Elle est morte six jours plus tard», raconte-t-il.

Il ajoute avoir essayé maintes fois de fuir avec sa famille, mais l'EI les en avait empêchés.

Dans le quartier al-Senaa, situé aux portes de la vieille ville, et dans celui de Mechleb dans l'est, des bâtiments sont entièrement détruits par les frappes aériennes ou criblées de trous de balles, selon une correspondante de l'AFP sur place.

De nombreuses carcasses de voitures sont visibles dans les ruelles.

Il n'y a que des combattants dans le secteur. Aucun civil n'était visible.

D'après le directeur de l'OSDH, l'EI a ralenti l'avancée des FDS dans Raqqa, notamment dans la vieille ville où cette alliance arabo-kurde est entrée début juillet.

«Les FDS ont des difficultés à garder les nouvelles positions dans la vieille ville en raison des tireurs embusqués et de la multiplication des attaques de drones», précise-t-il.

Les FDS, fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, cherchent à chasser les djihadistes de Raqqa.

Il leur a fallu sept mois pour avancer en direction de la ville et de l'encercler avant d'y pénétrer le 6 juin. Sur leur chemin, les FDS se sont emparées de plusieurs régions autour de la cité du nord syrien.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de différents acteurs régionaux et internationaux ainsi que des groupes jihadistes sur un territoire morcelé. Il a fait plus de 320 000 morts.