L'armée philippine a annoncé mardi avoir découvert une voie de ravitaillement ayant permis aux islamistes qui occupent partiellement une ville du sud de l'archipel de faire venir des munitions et d'évacuer leurs blessés, et ainsi de résister depuis cinq semaines.

Le 23 mai, des centaines de djihadistes brandissant le drapeau noir du groupe État islamique (EI) ont occupé plusieurs quartiers de Marawi. Depuis lors, les islamistes sont retranchés dans la ville et résistent aux bombardements de l'aviation philippine, à son artillerie et aux combats au sol.

Le colonel Jo-ar Herrera, porte-parole de l'armée, a expliqué que les islamistes franchissaient par bateau le lac Lanao, qui borde Marawi, la plus grande ville musulmane des Philippines, pays majoritairement catholique.

L'armée a découvert cette voie d'accès à la suite de l'arrestation d'un homme qui s'était servi d'un bateau pour ravitailler les djihadistes en munitions et évacuer leurs combattants blessés.

L'armée a coupé «cette autoroute logistique et médicale» via le lac Lanao, a-t-il affirmé à la presse, ajoutant que les patrouilles en bateau avaient été renforcées.

«On a découvert que cet homme (...) est celui qui organisait l'arrivée des munitions. C'est aussi lui qui évacuait les combattants blessés de la zone principale des combats vers le sud du lac Lanao. C'est une bonne nouvelle, car on a maintenant bloqué cette autoroute».

Le président Rodrigo Duterte a décrété la loi martiale à travers toute la région méridionale de Mindanao, où vivent 20 millions de personnes, accusant les islamistes de vouloir y décréter un «califat».

Des combattants venus de Tchétchénie, d'Indonésie et de Malaisie figurent parmi les djihadistes présents à Marawi.

Les affrontements ont fait près de 400 morts, dont 290 islamistes et 70 soldats, selon un bilan officiel. La plupart des 200 000 habitants ont fui et une grande partie de la ville n'est plus que ruines.

L'armée tente toujours de confirmer que le chef présumé de l'EI aux Philippines a réussi à fuir la ville, a ajouté le colonel Herrera. Isnilon Hapilon, également chef du groupe islamiste Abu Sayyaf, est l'un des terroristes les plus recherchés par les États-Unis, qui ont mis sa tête à prix cinq millions de dollars.

Selon les militaires, jusqu'à 120 islamistes sont toujours retranchés dans quatre quartiers. Les djihadistes retiennent une centaine d'otages, dont un prêtre catholique enlevé aux premières heures des combats.