Des combats acharnés ont opposé mardi les forces irakiennes aux djihadistes du groupe État islamique (EI) retranchés dans la vieille ville de Mossoul, d'où des centaines de civils ont réussi à prendre la fuite.

Le général Abdel Ghani al-Assadi, un commandant des forces du contre-terrorisme (CTS), a déclaré que les progrès étaient lents dans la vieille ville où les ruelles étroites et densément peuplées rendent la progression des troupes très difficile.

«Les choses se passent bien et la bataille se déroule comme prévu, mais nous rencontrons de nombreux obstacles: la nature du terrain, des bâtiments et la population civile. Tout cela freine notre travail», a-t-il dit à l'AFP.

Selon lui, la résistance des djihadistes «est farouche parce que c'est leur dernière place forte. Ils n'ont plus rien à perdre».

Huit mois après le début de l'offensive pour reprendre la deuxième ville d'Irak, les forces gouvernementales, appuyées par la coalition internationale conduite par les États-Unis, ont lancé dimanche l'assaut final contre la vieille ville pour chasser les djihadistes de leur dernier grand fief urbain dans le pays.

Mardi, les forces de la police fédérale ont poursuivi leur progression sur le front sud et ont encerclé un hôpital à la périphérie nord de la vieille ville.

«Enfants traumatisés»

Les forces irakiennes sont pour leur part la cible de tirs nourris au mortier et de snipers, sans compter les nombreuses bombes artisanales posées par les djihadistes.

Un journaliste français, Stephan Villeneuve, est mort lundi dans l'explosion d'une mine à Mossoul. Deux autres journalistes français qui l'accompagnaient ont été blessés et leur «fixeur», le journaliste kurde Bakhtiyar Haddad a été tué, selon France Télévisions et Reporters sans frontières.

Malgré les combats intenses, quelque 400 civils ont réussi à fuir lundi la vieille ville avec l'aide des forces irakiennes, selon le général al-Assadi.

Quelque 100 000 civils sont «retenus comme boucliers humains» dans cette zone, selon l'ONU.

Environ «50 000 enfants sont pris au piège dans des conditions absolument terrifiantes», s'est alarmé de son côté l'Unicef.

«Beaucoup d'enfants fuyant la violence sont gravement traumatisés et ont besoin d'aide psychologique», a affirmé Peter Hawkins, le représentant de l'Unicef en Irak, exhortant toutes les parties impliquées dans le conflit à assurer un passage sécurisé pour les civils.

L'entrée dans la vieille ville marque un aboutissement dans la campagne lancée le 17 octobre 2016 pour reconquérir Mossoul tombée aux mains des djihadistes en juin 2014. Après avoir reconquis fin janvier la partie orientale de Mossoul, les forces irakiennes ont lancé en février la bataille pour reprendre l'ouest dont elles contrôlent actuellement 90 % selon l'armée.

«Succès»

En recevant mardi à Téhéran le premier ministre irakien Haider al-Abadi, le guide suprême iranien Ali Khamenei a salué le «succès» de l'Irak face à l'EI.

Et le président iranien Hassan Rohani a estimé devant M. Abadi qu'une «libération» de Mossoul constituerait «le symbole de la fin du terrorisme et la victoire de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie et de tous les pays de la région qui luttent contre le terrorisme».

L'Iran aide les forces irakiennes dans leur lutte contre l'EI.

Dimanche, des hélicoptères militaires irakiens ont largué quelque 500 000 tracts au-dessus de Mossoul, annonçant aux habitants «l'encerclement de toutes parts de la vieille ville et le début de l'assaut».

Il était recommandé aux civils de rester à l'écart des endroits publics et de fuir pour rejoindre les forces irakiennes.

Aucun bilan global de pertes civiles dans l'offensive n'a pu être obtenu, même si certaines sources ont évoqué des centaines de morts.

Depuis le début de la bataille de Mossoul, plus de 860 000 personnes ont été déplacées. Quelque 195 000 sont revenues chez elles, principalement dans l'est de la ville.

La perte de Mossoul marquerait une défaite cinglante pour l'EI qui avait proclamé un «califat» en juin 2014 sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.

Malgré ses reculs sur le terrain - l'EI est également la cible d'une offensive dans son fief de Raqa en Syrie -, l'organisation extrémiste parvient toujours à frapper à travers le monde en menant des attentats meurtriers.