Les forces irakiennes soutenues par l'aviation de la coalition internationale ont lancé dimanche l'assaut pour reprendre la vieille ville de Mossoul aux jihadistes qui résistent farouchement dans leur dernier grand bastion urbain d'Irak.

Le crépitement des tirs de mitrailleuses pouvait être entendu en provenance de la vieille ville où sont retranchés la grande majorité des djihadistes du groupe État islamique (EI), selon un correspondant de l'AFP à Mossoul. Des colonnes de fumée étaient visibles au-dessus du secteur.

Les positions irakiennes étaient soumises à d'importants tirs d'obus.

Une reprise de la vieille ville permettrait aux forces gouvernementales de contrôler la totalité de la deuxième ville d'Irak tombée en juin 2014 aux mains des djihadistes.

L'opération constitue en principe l'ultime étape de la vaste offensive lancée il y a huit mois par les forces irakiennes pour chasser l'EI de la ville septentrionale.

Mais elle s'annonce ardue. Située sur la rive ouest du fleuve Tigre qui divise Mossoul, la vieille ville est un dédale de petites rues fortement peuplé, guère propice à l'avancée des blindés et où l'usage d'armes lourdes risque de mettre en péril les civils.

Selon l'ONU, quelque 100 000 civils y sont «retenus comme boucliers humains» par les djihadistes.

L'opération menée par les forces de l'armée, du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale a «commencé à 6h00 locales (23h00 samedi HE). Pour préserver la vie des civils, (les militaires) ne peuvent qu'avancer lentement», a dit à l'AFP le général Abdel Ghani al-Assadi, haut commandant du CTS.

«Les combattants de Daech ont construit des lignes de défense solides et opposent une forte résistance», a indiqué de son côté un officier de haut rang en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.

«Dernier épisode du show Daech»

Sinane, un membre des CTS, a été l'un des premiers à se lancer contre les positions jihadistes à bord de son bulldozer. «La première ligne de défense était formée de remorques, je les ai poussées et il y avait un muret derrière. Mais j'ai dû ensuite me retirer après avoir été visé par des roquettes. La résistance est dure».

Au premier étage d'un immeuble, un commandant des CTS utilise fébrilement sa tablette, pour coordonner une frappe contre une voiture piégée qui s'approche de sa position.

Selon le général Assadi, «l'un des secteurs les plus difficiles à prendre est le quartier Farouq qui mène à la mosquée Al-Nouri».

C'est dans cette mosquée que le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi avait fait, en juillet 2014, sa seule apparition publique connue. Il avait alors appelé tous les musulmans à lui prêter allégeance après avoir été désigné à la tête du califat proclamé par son groupe sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.

«Nos forces avancent à pied, car les allées sont très étroites. C'est le dernier épisode du show Daech. C'est notre opération la plus difficile. Ils sont encerclés à 270 degrés. Ils n'ont plus que le fleuve et n'ont nulle part où aller», a ajouté le général Assadi.

Les membres irakiens «de Daech vont raser leurs barbes et tenter de se fondre parmi les civils. Les (combattants) étrangers combattront et seront finalement tués», a-t-il prédit, en estimant que l'opération prendrait du temps.

Appuyées par la coalition internationale, les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre 2016 leur vaste offensive pour chasser l'EI de Mossoul. Après avoir reconquis fin janvier la partie orientale, elles ont lancé en février la bataille pour reprendre la partie occidentale dont elles contrôlent 90 % selon l'armée.

Craintes pour les civils

Interrogé par l'AFP sur la participation de la coalition internationale à l'assaut, un porte-parole de cette alliance, le colonel Ryan Dillon, a affirmé soutenir «les partenaires irakiens» dans leur guerre contre l'EI et «déployer les efforts nécessaires pour protéger les civils».

L'ONG International Rescue Committee (IRC) a averti que «les quelque 100 000 civils pris au piège dans la vieille ville vont vivre des moments terrifiants et risquent d'être pris dans les féroces batailles de rue».

Elle a mis en garde contre les risques d'écroulement de bâtiments sous l'effet des frappes. «Cette offensive finale pourrait prendre des semaines et ceux qui sont piégés souffriront très certainement de faim».

Depuis le début de l'offensive, 862 000 personnes ont été déplacées de Mossoul. 195 000 d'entre elles sont toutefois revenues dans l'est de la ville.

Une perte de Mossoul serait un coup très dur porté à l'EI, mais ce groupe continue d'occuper des régions dans les provinces de Ninive (nord) de Kirkouk (nord-est) et d'Al-Anbar (ouest).

Malgré ses reculs sur le terrain -- il est également la cible d'une offensive majeure dans son fief de Raqa en Syrie --, le groupe extrémiste parvient néanmoins à frapper en menant des attentats meurtriers à travers le monde.