Le flux de civils déplacés de Mossoul ravagée par les combats a atteint des niveaux inédits et les humanitaires peinent à aider ceux dans le besoin, a indiqué jeudi la coordinatrice humanitaire de l'ONU en Irak.

Les forces irakiennes appuyées par une coalition internationale antidjihadistes conduite par Washington ont lancé le 17 octobre une offensive pour chasser les djihadistes du groupe État islamique (EI) de Mossoul, leur dernier grand fief urbain en Irak.

Fin janvier et au prix de combats dévastateurs, elles se sont emparées de la partie orientale de Mossoul (nord), et le 19 février, elles ont lancé l'assaut pour reconquérir la partie occidentale densément peuplée. Selon l'armée, les djihadistes n'en contrôlent plus qu'un peu plus de 10%.

«Le nombre de personnes fuyant leurs maisons dans la partie occidentale de Mossoul est énorme», a dit Lise Grande dans un communiqué, sans avancer de chiffres.

Mais l'ONU estime à plus de 700 000 le nombre d'Irakiens ayant fui Mossoul depuis sept mois, dont 500 000 ont quitté leurs maisons dans la partie occidentale depuis mi-février.

«Nous parlons d'un nombre très important de familles qui laissent tout derrière elles. Elles fuient dans des circonstances très difficiles. De nombreuses personnes vivent dans l'insécurité alimentaire et n'ont pas eu accès à l'eau potable et aux médicaments depuis des semaines, voire des mois», selon Mme Grande.

Le gouvernement irakien, l'ONU et ses partenaires ont installé des camps autour de Mossoul pour aider les civils qui arrivent, dont certains sont affamés ou ont été utilisés comme boucliers humains par les djihadistes.

Mais Mme Grande a affirmé que les organisations humanitaires peinent à faire face au flux. «Cela devient de plus en plus difficile d'assurer à tous les civils l'aide et la protection nécessaires».

Elle a prévenu que quelque 200 000 autres civils, toujours bloqués dans la vieille ville à Mossoul-Ouest, pourraient fuir dans les prochaines semaines.

C'est dans la vieille ville, où sont acculés les djihadistes, que la bataille pour la reconquête totale de Mossoul doit se jouer.

Mme Grande a lancé un appel d'urgence aux donateurs pour accroître leur soutien aux efforts d'aide pour les habitants de Mossoul, les fonds étant largement en deçà des attentes.

«Des centaines de milliers de vies sont en jeu», a-t-elle averti.

Mossoul, deuxième ville d'Irak, est tombée aux mains de l'EI en juin 2014 à la faveur d'une offensive qui lui avait permis de s'emparer de vastes territoires de ce pays. Mais l'organisation extrémiste a perdu beaucoup de terrain depuis.