Le chef de l'EI Abou Bakr Al-Bagdadi «est vivant» mais «a quitté Mossoul» à l'approche des troupes irakiennes, a affirmé mercredi un responsable américain qui prévoit par ailleurs un repli futur du «califat» sur la vallée de l'Euphrate.

Le chef du groupe État islamique (EI) «n'exerce probablement aucune influence tactique sur la manière dont la bataille est menée» contre les forces irakiennes à Mossoul, a ajouté ce responsable américain de la Défense devant des journalistes.

«Il a probablement donné de grandes orientations stratégiques» à ses chefs militaires sur place et les a laissés mener le combat, a-t-il poursuivi, sous couvert d'anonymat.

Le chef de l'EI est traqué par le commandement américain des forces spéciales (Socom) et les agences de renseignement américaines, comme l'avait été avant lui le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

C'est à Mossoul qu'Al-Bagdadi avait proclamé son «califat» en juin 2014. Les troupes irakiennes ont déjà reconquis la partie Est de la ville et s'apprêtent à prendre d'assaut la vieille ville dans la partie Ouest, où de féroces combats sont attendus.

Selon le même responsable américain, le groupe État Islamique prévoit de se replier sur la vallée de l'Euphrate après la perte de Mossoul et celle de Raqa, en Syrie.

«Je ne pense pas que (les djihadistes) aient renoncé» à tenir des territoires dans le cadre d'un «califat», a encore ajouté le responsable américain.

«Ils font des plans pour continuer à fonctionner comme un pseudo-État centré sur la vallée de l'Euphrate», à l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, après la chute de Mossoul et de Raqa, a-t-il poursuivi.

Pour les militaires américains, le groupe État islamique est sévèrement affaibli après plus de deux ans et demi de campagne militaire internationale contre eux.

Mais les djihadistes ne veulent pas encore se transformer en mouvement de guérilla extrémiste et veulent continuer à détenir et gérer des territoires, même après la chute de Mossoul et celle de Raqa, la capitale de facto du groupe.

Selon le renseignement américain, les dirigeants de l'EI ont commencé à quitter Raqa vers des endroits plus sûrs, plus en aval dans la vallée de l'Euphrate.

Ils sont «probablement» en train de réorganiser leur administration en «noyaux résilients ou redondants», pour pouvoir continuer à fonctionner en dépit des coups de boutoir de la coalition, a estimé le responsable américain.

Selon ce dernier, les djihadistes ont perdu «65% du terrain» qu'ils contrôlaient à leur expansion maximum en 2014.

Le Pentagone estime qu'ils ne disposent plus désormais qu'au maximum de 15 000 hommes.

Les djihadistes en compteraient ainsi «2500 dans l'ouest de Mossoul et la ville voisine de Tal Afar» en Irak, «un millier» dans la poche de Hawija, en Irak également et «3 à 4000» à Raqa en Syrie, selon le responsable.

Au total, «près de la moitié des combattants» dont disposait le groupe État islamique à son apogée ont été tués, selon le responsable de la Défense.

AP

Abou Bakr Al-Bagdadi