Les forces spéciales canadiennes ont déplacé leurs opérations dans le nord de l'Irak pour accroître la pression sur le groupe armé État islamique (EI) dans des zones à l'extérieur de Mossoul, notamment près de la frontière avec la Syrie.

Plutôt que de tirer, elles font désormais principalement de la surveillance.

Au sommet d'une haute colline, lundi, deux soldats canadiens étaient assis dans un bunker artisanal situé à plus d'un kilomètre derrière la ligne de front entre les forces kurdes et les combattants de l'EI.

Un soldat barbu regardait dans un viseur puissant, parcourant de ses yeux une localité en contrebas, tandis que son collègue prenait des notes. Un appareil photo se trouvait entre les deux pour éventuellement prendre des images d'un évènement important.

Lorsque les premiers soldats canadiens sont arrivés dans le pays en septembre 2014, leur mission était d'aider à la formation des combattants kurdes - ou peshmergas - pour tenter de freiner les extrémistes qui, à l'époque, n'avaient pas perdu de territoire.

Maintenant que l'EI n'a plus le dessus dans le secteur, tant les soldats canadiens que les forces kurdes ont réévalué leur stratégie.

En survolant par hélicoptère Erbil, la capitale de la région kurde en Irak, jusqu'au barrage de Mossoul, il est possible de voir les barricades de terre et les positions défensives ayant aidé les forces kurdes à stopper la prise de contrôle par l'EI du nord de l'Irak.

Les tranchées et les édifices de pierre construits avec précipitation durant cette période il y a deux ans se trouvent aujourd'hui abandonnés, alors que la guerre - et le rôle du Canada - a fait un virage de la défense à l'offensive.

Les forces kurdes, appuyées par les Canadiens, ont lancé en octobre dernier une attaque longuement attendue pour reprendre le contrôle de Mossoul, la deuxième ville en importance en Irak, des mains de l'EI.

Mais les Kurdes et leurs alliés canadiens se sont arrêtés avant Mossoul. Ils ont plutôt choisi de combattre l'EI par d'autres moyens et de laisser l'armée irakienne entrer dans la ville pour en chasser les extrémistes.

Identifier et surveiller des cibles

Au camp Érable, la base militaire canadienne à Erbil, un officier des forces spéciales a révélé lundi que la mission canadienne consistait maintenant à identifier et surveiller de potentielles cibles extrémistes dans la région.

Les soldats utilisent des viseurs optiques et d'autres moyens afin de surveiller «les mouvements des corridors clés de l'ennemi» entre l'Irak et la Syrie, puis sur le territoire kurde et à l'extérieur de celui-ci.

L'officier, qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité, a affirmé qu'une telle surveillance avait contribué à repérer des combattants de l'EI dans une grande ville qui avait été contournée au début de l'offensive de Mossoul et qui devait être libérée.

Cela signifie aussi que les Canadiens ont tiré moins de coups de feu dans les derniers mois, a indiqué l'officier, alors que les cibles potentielles sont relayées aux Irakiens et aux forces de la coalition.

Le membre des forces spéciales a affirmé qu'en raison de la nature de l'offensive à Mossoul, les soldats canadiens s'étaient souvent retrouvés dans des situations où ils devaient ouvrir le feu.

Ce n'est plus le cas actuellement, a-t-il ajouté, en soulignant que les soldats canadiens s'étaient fait dire de s'établir en des lieux où de telles circonstances sont peu probables.

PC

Un soldat canadien discute avec des combattants kurdes, dans le nord de l'Irak.