Il n'y a aucune preuve que des rapports de renseignement sur le groupe État islamique aient été délibérément manipulés par des chefs militaires américains pour enjoliver la réalité, estime un rapport du Pentagone publié mercredi.

Le commandement des forces américaines au Moyen-Orient, le CENTCOM, avait été accusé par certains de ses analystes de donner une vision trop optimiste de la situation militaire face au groupe État islamique (EI).

Un rapport parlementaire en août dernier avait repris ces accusations.

Mais selon le rapport de l'inspection générale du Pentagone, «il n'y avait pas de distorsion systématique ou intentionnelle» de la réalité dans les rapports de renseignement du CENTCOM.

En revanche, le rapport pointe la responsabilité des responsables du renseignement au CENTCOM dans la détérioration du climat interne dans leur équipe.

«Perfectionniste» ou «ennemi du risque», le général Steven Grove qui dirigeait cette équipe a laissé se développer une ambiance où certains analystes «s'autocensuraient» pour ne pas risquer de déplaire, souligne le rapport.

Le rapport parlementaire avait conclu que de la mi-2014 à la mi-2015, le CENTCOM avait «manipulé la production de renseignements pour atténuer la menace que représentait le groupe État islamique en Irak».

En conséquence, «ceux qui se servaient de ces renseignements ont eu constamment une vision un peu trop rose des succès opérationnels américains contre l'EI», avaient ajouté les auteurs, dirigés par Mike Pompeo, élu républicain du Kansas depuis nommé directeur de la CIA par Donald Trump.

Sans que le rapport parlementaire ne le dise explicitement, le soupçon était que le CENTCOM cherchait à plaire à l'administration Obama, en présentant une vision de la situation la plus positive possible.

La sensibilité aux pressions politiques des services de renseignement est une question récurrente aux États-Unis depuis la guerre d'Irak de 2003.

Le président Bush avait justifié l'invasion du pays par des rapports des services de renseignement affirmant que l'Irak avait des armes de destruction massive, mais ces analyses se sont ensuite révélées fausses.

Donald Trump a ravivé les blessures récemment en rejetant très longtemps les conclusions de services de renseignement sur l'ingérence de la Russie dans le processus électoral.