Des forces combattant le groupe État islamique (EI) en Syrie ont reçu pour la première fois des véhicules blindés américains, la nouvelle administration de Donald Trump leur promettant «plus de soutien» dans leur lutte contre l'organisation djihadiste.

Sur le plan diplomatique, l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura a annoncé mardi au Conseil de sécurité le report au 20 février des nouveaux pourparlers à Genève entre régime et opposition pour tenter de trouver un règlement au conflit dévastateur en Syrie qui entrera en mars dans sa septième année.

Ce report donnerait plus de temps à l'opposition politique et armée, en position de faiblesse après les derniers revers face au régime, pour se préparer, a expliqué M. de Mistura. Les invitations seront envoyées le 8 février. Les précédentes séries de pourparlers sous l'égide de l'ONU se sont toutes soldées par un échec.

Dans cette guerre complexe impliquant de multiples acteurs aux différentes alliances sur un territoire morcelé, les  Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les forces kurdes mais comprenant des combattants arabes, ont annoncé mardi avoir reçu leurs premiers véhicules blindés des États-Unis.

Créées en octobre 2015 avec le soutien de Washington pour chasser le redoutable groupe ultraradical EI des zones qu'il occupe dans le nord syrien, les FDS ont lancé le 6 novembre une vaste offensive pour capturer Raqa, le principal fief des djihadistes en Syrie, mais font du surplace depuis des semaines.

Un responsable militaire américain, le colonel John Dorrian, a affirmé que la livraison des véhicules de type SUV a été faite «en vertu des autorisations existantes», soit sous l'administration de l'ex-président Barack Obama.

Si la décision a été prise avant l'investiture de M. Trump, la livraison a été interprétée par les FDS comme le signe d'un nouveau soutien américain.

«Composante arabe» des FDS 

L'administration Trump a «promis plus de soutien» aux FDS, a dit un porte-parole de cette alliance Talal Sello. «Dans le passé, nous recevions des armes, des munitions. Avec les véhicules blindés, nous entrons dans une nouvelle phase».

«Il y a eu des rencontres entre les FDS et des représentants de la nouvelle administration et ils nous ont promis plus de soutien, notamment pour la bataille de Raqa», a-t-il ajouté.

M. Trump a donné jusqu'à fin février à ses responsables militaires pour lui présenter un plan «pour vaincre» l'EI, groupe responsable d'atrocités en Syrie et en Irak et d'attentats sanglants également en Occident.

Les responsables américains ont tenu à préciser que les véhicules avaient été livrés à la composante arabe des FDS dominées par les Unités de défense du peuple kurde (YPG).

Sous l'administration Obama, Washington a toujours pris soin d'affirmer qu'elle armait la composante arabe et non la composante kurde des FDS, pour éviter selon les experts de froisser l'allié turc, également impliqué dans le conflit en Syrie.

Pour la Turquie, les FDS sont un faux-nez pour les YPG, qu'elle qualifie de «terroristes».

Pour l'instant, «il n'y a pas eu de changement dans la politique américaine», a dit le Pentagone. «Nous continuons d'armer la composante arabe des FDS».

Après avoir pris une série de villages et localités dans la province de Raqa, les FDS n'ont plus avancé depuis le 7 janvier. Elles se trouvent à 5 km de la ville de Tabqa, important QG de l'EI à l'ouest de Raqa. D'autres forces des FDS sont à 20 km au nord de Raqa.

30 djihadistes tués à Alep 

«Les FDS font du surplace en raison de la multiplication des attaques suicide de l'EI», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En un an, elles ont remporté une série de victoires, en reprenant surtout à l'EI la ville de Minbej, près de la frontière turque.

Après avoir lancé en 2014 sa campagne aérienne contre l'EI en Irak et en Syrie, Washington, à la tête d'une coalition internationale, s'est trouvé confronté à la nécessité de trouver un allié fiable sur le terrain, favorisant ainsi la création des FDS.

La Maison Blanche déploie en Syrie quelque 200 membres des forces spéciales.

Ailleurs dans le pays, au moins 30 membres de l'EI ont été tués dans une série de raids aériens sur leurs positions dans la province septentrionale d'Alep, a indiqué l'OSDH sans pouvoir déterminer les responsables des frappes.

La guerre en Syrie, déclenchée par la répression dans le sang de manifestations prodémocratie en mars 2011, a fait plus de 310 000 morts. Elle s'est complexifiée avec la montée en puissance de groupes djihadistes et l'implication des grandes puissances dont les États-Unis et la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad.