La coalition internationale luttant contre le groupe État islamique a tué trois responsables de l'organisation jihadiste «directement impliqués dans des attentats» hors de la Syrie et «dans le recrutement de combattants étrangers», lors d'une frappe aérienne le 4 décembre à Raqa en Syrie.

«Deux de ces dirigeants - Salah Gourmat et Sammy Djedou - ont aidé à la préparation des attentats du 13 novembre 2015, à Paris», a annoncé mardi le Pentagone dans un communiqué.

Ces deux membres de l'EI étaient «de proches associés de Abou Mohammed al-Adnani, le responsable de la coordination des opérations extérieures qui est mort dans une frappe de la coalition en août», ajoute le Pentagone. La Russie avait elle aussi revendiqué la mort de ce leader djihadiste.

Le troisième dirigeant du groupe tué par la coalition menée par les États-Unis début décembre est Walid Hamman (ou Hamam selon l'orthographe adoptée par la justice belge), chargé d'organiser des attaques suicide et condamné par contumace en Belgique pour une tentative d'attentat avortée en 2015, selon les États-Unis.

Les trois hommes, qui travaillaient ensemble «pour mettre au point des attentats en Occident», faisaient partie du réseau du cadre franco-tunisien de l'EI, Boubaker El Hakim. Il a lui aussi été tué dans une frappe de la coalition le 26 novembre.

Le franco-algérien Salah Gourmat, tué à moins de deux semaines de ses 27 ans (il est né le 16 décembre 1989), avait été l'un des premiers candidats au djihad en Syrie condamné en France. Il n'était pas visé dans l'enquête conduite par des juges parisiens sur les attentats du 13 novembre, selon une source proche de l'enquête à Paris.

Il avait écopé en mars 2014 d'une peine de quatre ans de prison dont un avec sursis pour avoir voulu faire le djihad en Syrie, avec deux compagnons, Fares Farsi et Youssef Ettaoujar, eux aussi condamnés. Salah Gourmat, qui comparaissait libre, en a profité pour prendre la poudre d'escampette et était absent à son jugement. La justice, le soupçonnant d'être parti en Syrie rejoindre l'EI, avait ouvert une nouvelle enquête, selon la source judiciaire.

Filière belge

D'après la chaîne francophone belge RTBF, Sammy Djedou, un jeune Belge connu sous le nom de guerre d'«Abou Moussab», est soupçonné par la Sûreté de l'État belge d'avoir occupé «un poste important» au sein de l'État islamique.

Il avait disparu fin octobre 2012 et coupé tout contact avec sa famille en août 2015, quelques mois avant les attentats de Paris, précise la RTBF.

Selon la chaîne de radio-télévision, Sammy Djedou était également impliqué dans les attentats de Bruxelles qui ont fait 32 morts le 22 mars 2016.

«Il était en contact avec les terroristes qui ont opéré en Belgique. Le nom de ce proche d'Abdelhamid Abaaoud (un des coordinateurs des attaques de Paris, de nationalité belge: ndlr) a été retrouvé dans un ordinateur appartenant aux frères El Bakraoui, deux auteurs des attentats de Bruxelles», affirme la RTBF.

Sollicité, le parquet fédéral belge n'a pas répondu dans l'immédiat.

Le trio s'était rencontré en décembre 2011 à Nice, lors d'une réunion organisée par Oumar Diaby, considéré comme l'un des plus importants recruteurs de djihadistes français.

Ils avaient été interpellés le 14 mai 2012 à l'aéroport de Saint-Etienne (est de la France) avant de s'envoler pour Gaziantep en Turquie, un point de passage traditionnel pour les  recrues djihadistes souhaitant passer en Syrie.

Walid Hamman ou Hamam a lui été condamné à cinq ans de prison par défaut le 5 juillet 2016.

D'après les médias belges, il appartenait à la cellule de Verviers dirigée par Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attentats du 13 novembre en France.

La cellule a été démantelée après un assaut de la police le 15 janvier 2015 dans cette ville de la région de Liège.

D'après des médias belges, Hamam avait été arrêté deux jours plus tard à Athènes (où se trouvait aussi Abaaoud) mais il avait été rapidement relâché et était depuis introuvable.