L'étau se resserre à Mossoul sur le groupe État islamique (EI), quasi encerclé par les forces irakiennes, qui doivent encore remporter une bataille urbaine âpre contre les jihadistes, en présence de centaines de milliers de civils pris au piège.

En première ligne, les unités du contre-terrorisme irakien (CTS) continuaient de progresser rue après rue dans l'est de Mossoul malgré la résistance féroce de l'ennemi, cinq semaines après le début de l'offensive pour la reconquête de cette métropole du nord du pays.

Après avoir repris le quartier d'Aden, les troupes d'élite se battent désormais dans la zone voisine d'Al-Khadraa, a indiqué à l'AFP depuis la ligne de front l'un de leurs commandants, Maan al-Saadi.

«Ils ne peuvent pas s'enfuir. Ils ont deux options: se rendre ou mourir», dit-il, alors que le CTS assure avoir pris le contrôle de plus de 40% des quartiers est.

Mercredi, les forces irakiennes sont parvenues à couper la voie d'approvisionnement du groupe extrémiste sunnite entre Mossoul et Raqa, son fief en Syrie à quelque 400 km à l'ouest et où une coalition arabo-kurde cherche parallèlement à chasser les jihadistes.

La veille, la coalition internationale emmenée par Washington avait détruit l'un des derniers ponts enjambant le fleuve Tigre, qui coupe la ville en deux, afin d'empêcher l'EI de se réapprovisionner dans l'est de Mossoul.

Conséquence: les combattants jihadistes déployés à Mossoul -- 3000 à 5000 selon les estimations américaines -- «ne peuvent plus aller nulle part, ils ne peuvent plus se réapprovisionner ni envoyer des renforts», a affirmé à l'AFP le colonel américain John Dorrian, un porte-parole de la coalition.

«L'avancée des Irakiens dans le sud et le sud-est de la ville s'accélère, c'est une très bonne évolution», a-t-il commenté. «Ils (l'EI) vont devoir réagir à cette poussée et cela va affaiblir leur défense».

«Combat brutal»

Au nord et au sud de Mossoul, les peshmergas (combattants kurdes) et d'autres troupes se rapprochent de la ville et de son aéroport.

Malgré tout, l'offensive lancée le 17 octobre par Bagdad pour reprendre la deuxième ville d'Irak, aux mains des jihadistes depuis juin 2014, est loin d'être terminée.

«C'est un combat extraordinairement dur, brutal, mais il est inévitable, et les Irakiens vont les battre», a fait valoir le haut gradé américain.

À Mossoul, leur dernier bastion en Irak, les combattants islamistes offrent une résistance acharnée: attaques suicide, voitures piégées, tireurs embusqués, dissimulation d'explosifs dans les maisons et immeubles. Ils bénéficient également d'un vaste réseau de tunnels souterrains qui leur permet de se déplacer furtivement.

Et la partie ouest de la ville, où se concentrent la plupart des bastions jihadistes, reste à conquérir. Or dans ces quartiers, les ruelles étroites promettent de compliquer les déplacements des blindés des forces gouvernementales.

Mossoul, enfin, reste densément peuplée. Il resterait encore plus d'un million de civils, dont la fuite est rendue très difficile par l'intensité des combats.

L'ONU avait tablé initialement sur le départ de jusqu'à 200 000 personnes après le début de la bataille. Or, le nombre de civils en fuite stagne pour l'heure à près de 70 000 personnes, selon l'Office international des migrations (OIM). Depuis lundi, seules quelques centaines de déplacés supplémentaires ont été accueillis dans des camps autour de Mossoul.

Jusqu'à présent, les forces irakiennes ont envoyé des messages à la population de Mossoul l'exhortant à rester chez elle et à ne pas chercher à traverser les lignes de front.

Leur présence au coeur de la ville réduit la capacité des troupes gouvernementales à recourir à l'arme lourde contre les jihadistes et gagner plus rapidement du terrain. Mais les dirigeants du pays veulent éviter une destruction massive de Mossoul.