Des combattants kurdes ont lancé l'assaut sur plusieurs villages tenus par le groupe Etat islamique (EI) autour de Mossoul, au quatrième jour de la vaste offensive des forces irakiennes et de la coalition internationale pour reprendre la deuxième ville d'Irak aux djihadistes.

Lors d'une réunion internationale à Paris consacrée à Mossoul, le premier ministre irakien Haider Al-Abadi a assuré par vidéoconférence depuis Bagdad que les forces irakiennes progressaient «plus vite que prévu» vers Mossoul.

Cette réunion, coprésidée par la France et l'Irak, visait à préparer l'avenir politique de la ville où 1,5 million de personnes sont prises au piège, faisant craindre une crise humanitaire de grande ampleur et un exode massif des civils.

Le principal objectif de la dernière avancée kurde est la ville de Bachiqa, au nord-est de Mossoul.

«Il s'agit de nettoyer un certain nombre de villages aux alentours et de sécuriser le contrôle de zones stratégiques pour restreindre les mouvements de l'EI», a indiqué un communiqué des peshmergas kurdes.

Vers 6 h, heure locale, des pelleteuses ont ouvert la voie aux véhicules blindés vers Bachiqa, a constaté un journaliste de l'AFP. Alors qu'une colonne de combattants se formait, un drone a fait son apparition, aussitôt abattu dans un grand fracas par les combattants kurdes.

Selon le journaliste qui a pu voir l'un des drones neutralisés par les peshmergas, il s'agissait d'un appareil similaire à celui ayant tué deux combattants kurdes et blessés deux soldats français il y a une semaine.

«Ces drones appartiennent à l'EI (...) Nous (les) avons donc détruits», a déclaré le général Aziz Weysi, commandant d'une force d'élite des peshmergas. «Ils peuvent assurer (des missions) de repérage et exploser», a-t-il affirmé à l'AFP.

Soldat américain tué

Les forces irakiennes, appuyées par les frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par Washington, mènent elles aussi des assauts vers Mossoul depuis l'est et le sud.

Un soldat américain est décédé jeudi de ses blessures infligées par l'explosion d'une bombe artisanale dans le nord de l'Irak, a indiqué le Pentagone, sans toutefois préciser s'il faisait partie des hommes encadrant les forces irakiennes et kurdes.

Les forces d'élite irakiennes du contre-terrorisme (CTS) ont repris jeudi la ville chrétienne de Bartalla contrôlée par les djihadistes depuis leur vaste offensive en 2014. Située à moins de 15 kilomètres à l'est de Mossoul, elle avait été cette semaine le théâtre d'une résistance acharnée des djihadistes.

«Les habitants (de Bartalla), ses églises et toutes ses infrastructures sont désormais sous le contrôle des CTS», a annoncé à la télévision un commandant de ces forces d'élite présent sur le terrain.

Jeudi, dans sa propagande habituelle, l'EI a publié une vidéo montrant les corps de deux hommes, présentés comme des combattants kurdes, pendus à un pont dans le centre de Mossoul.

Drapeaux blancs

Au sud de Mossoul, les forces irakiennes progressaient vers la vallée du Tigre et rencontraient un certain nombre de civils en fuite. Des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui se sont échappés du village de Mdaraj à pied ou en voiture attendaient que la police fouille leurs effets personnels.

«Nous nous sommes faufilés», a raconté l'un d'eux, Abou Hussein, expliquant que les énormes panaches de fumée noire provoqués par l'EI pour se protéger des frappes aériennes les avaient aidés à passer inaperçus.

«Nous tenions des drapeaux blancs et nous sommes dirigés vers» les forces de sécurité irakiennes, a déclaré Abou Hussein.

Selon l'ONU, jusqu'à un million de personnes vivant à l'intérieur de Mossoul pourraient être forcées de fuir en raison des combats.

Malgré leur avancée rapide, les forces irakiennes sont encore à plusieurs kilomètres de la ville. Pour l'heure, «les activités militaires se concentrent dans des zones à faible densité de population et nous n'avons pas enregistré de déplacements massifs de civils», a déclaré mercredi le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires humanitaires, Stephen O'Brien.

Lors de la réunion de Paris jeudi, le président français François Hollande a mis en garde contre la fuite de djihadistes de Mossoul vers Raqa, place forte de l'EI en Syrie voisine.

«Nous devons être exemplaires sur le plan de la poursuite des terroristes qui déjà quittent Mossoul pour rejoindre Raqa, (...) nous ne pouvons admettre une évaporation de ceux qui étaient à Mossoul», a-t-il averti.

L'opération d'envergure qui a débuté lundi pour reprendre Mossoul, contrôlée par l'EI depuis juin 2014, s'annonce comme la plus complexe lancée en Irak, 3000 à 4500 djihadistes étant encore retranchés dans la cité.