La Russie a assuré mercredi ne pas violer une résolution de l'ONU visant Téhéran, tandis que des bombardiers russes allant frapper en Syrie ont décollé pour la deuxième journée consécutive depuis un aérodrome militaire en Iran.

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé que l'utilisation de la base d'Hamedan en Iran ne violait aucunement la résolution 2231 du Conseil de sécurité qui prévoit un embargo sur la vente ou le transfert d'armes visant la République islamique.

Mardi, le département d'État américain avait jugé l'action de Moscou en Iran «malheureuse mais pas étonnante» et évoqué une possible «violation» de la résolution.

«Dans le cas présent, il n'y a pas eu vente, fourniture ou transfert d'avions militaires vers l'Iran», a insisté M. Lavrov. «Ces avions prennent part à une opération antiterroriste en Syrie à la demande des autorités légales syriennes et avec le consentement de l'Iran», a-t-il souligné.

En réponse, mercredi, le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner a réaffirmé que les États-Unis «regardaient, évaluaient s'il y a eu violation» par Moscou de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

«Cela nécessite une analyse juridique très minutieuse», a fait valoir le diplomate américain, en déplorant encore que Moscou «continue de compliquer une situation déjà très dangereuse à Alep».

Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a pour sa part rétorqué que les frappes effectuées en Syrie par la coalition internationale menée par les États-Unis depuis la base turque d'Incirlik étaient contraires à la charte des Nations unies.

La Russie a bombardé pour le deuxième jour consécutif mercredi des positions djihadistes en Syrie en faisant décoller ses avions de l'aérodrome d'Hamedan.

Les avions Su-34 «étaient chargés au maximum de leur capacité avec des bombes à fragmentation», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Ces frappes ont permis, selon le ministère, la destruction de deux postes de commandement et de camps d'entraînements de l'EI, ainsi que «l'élimination de plus de 150 combattants, parmi lesquels figuraient des mercenaires étrangers».

La Russie a frappé pour la première fois mardi des cibles en Syrie depuis Hamedan, un pas supplémentaire dans la coopération militaire entre les deux principaux soutiens du régime de Damas.

C'est la première fois que la Russie utilise le territoire d'un pays tiers pour procéder à des frappes en Syrie depuis le déclenchement de sa campagne militaire, il y a près d'un an.

L'Iran a justifié mercredi l'utilisation de son aérodrome par l'aviation russe, affirmant agir «en conformité avec les normes internationales».

«La seule chose qui se passe, c'est que les combattants russes sont autorisés à utiliser cette base pour se réapprovisionner», a expliqué Alaeddine Bouroujerdi, le chef de la Commission pour la politique étrangère et la sécurité nationale du Parlement iranien.

L'utilisation de la base iranienne, en plus de la base russe de Hmeimim dans le nord-ouest de la Syrie, donne selon des experts un avantage tactique à Moscou et lui permet d'envoyer en mission des bombardiers lourds chargés de plus de bombes grâce à un temps de vol plus court.