Omar al-Shishani dit «Omar le Tchétchène», l'un des commandants les plus en vue du groupe État islamique (EI), a été tué en Irak, a rapporté mercredi une agence liée à l'organisation, un coup dur pour l'EI, à l'heure où s'intensifient les préparations pour reprendre Mossoul aux djihadistes.

«Omar le Tchétchène», un trentenaire reconnaissable à son abondante barbe rousse et connu pour son ardeur au combat, était dans le collimateur de l'administration américaine qui le présentait comme un «chef de guerre expérimenté», occupant des fonctions similaires à un «ministre de la Défense» au sein de l'organisation djihadiste. Elle avait mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars.

Citant «une source militaire», Amaq, une agence liée à l'EI, a rapporté qu'Omar al-Shishani avait été tué «dans la ville de Charqat alors qu'il participait (à la bataille) pour repousser la campagne militaire contre la ville de Mossoul», le bastion de l'EI dans le nord de l'Irak. Amaq n'a pas précisé quand, ni dans quelles circonstances Omar al-Shishani avait été tué.

Sa mort, si elle est confirmée, est un nouveau coup porté à l'EI. L'organisation radicale a subi plusieurs défaites depuis le début de l'année, dont la perte de la grande ville sunnite de Fallouja, et s'attend à une prochaine offensive de l'armée irakienne pour reprendre Mossoul, son bastion en Irak depuis juin 2014.

A cet effet, le chef du Pentagone Ashton Carter, dont le pays est étroitement associé aux efforts anti-djihadistes de Bagdad, a d'ailleurs annoncé lundi le déploiement de 560 soldats américains supplémentaires pour aider les forces gouvernementales.

Dans la soirée, Washington n'avait pas encore réagi à l'annonce de la mort d'«Omar le Tchétchène», mais un responsable américain avait annoncé en mars que ce cadre de l'EI avait été «probablement tué» dans un bombardement américain dans le nord-est de la Syrie.

«L'un des meilleurs stratèges de l'EI» 

Omar al-Shishani «a occupé plusieurs responsabilités à la tête de l'organisation militaire de l'EI, dont le ministère de la guerre», avait indiqué Peter Cook, le porte-parole du Pentagone, en mars.

«Omar le Tchétchène», de son vrai nom Tarkhan Tayumurazovich Batirashvili, était de nationalité géorgienne. Il était né en 1986 d'un père chrétien et d'une mère musulmane.

Pour le Pentagone, sa mort allait «affecter la capacité de l'EI à recruter des combattants étrangers, spécialement de Tchétchénie et du Caucase» et sa capacité à «coordonner la défense de ses bastions» de Raqa en Syrie et de Mossoul en Irak.

Au sein du groupe djihadiste, il avait la réputation d'être un combattant aguerri. Une biographie écrite par un sympathisant de l'EI et publiée en ligne le décrivait comme «l'un des meilleurs stratèges» qui n'a «jamais perdu aucune de ses batailles».

Mais, si l'EI est à la peine sur le terrain, elle continue régulièrement à perpétrer des attentats dans tout l'Irak, notamment dans les zones majoritairement chiites. Le 4 juillet à Bagdad près de 300 personnes ont ainsi péri dans l'une des plus sanglantes attaques commises dans le pays depuis l'invasion américaine de 2003.

Washington tue le cerveau de plusieurs attaques au Pakistan

Les États-Unis ont tué dimanche dans un bombardement aérien en Afghanistan Umar Khalifa, auteur de plusieurs attaques meurtrières au Pakistan, dont celle contre une école en 2014 dans laquelle plus de 130 enfants avaient péri, a annoncé mercredi le Pentagone.

La frappe a été menée par un drone dimanche, dans la province de Nangarhar, à l'est de Kaboul, selon l'armée pakistanaise.

« Responsable terroriste connu du groupe Tariq Gidar, il a été tué avec quatre autres combattants ennemis dans une frappe aérienne des forces américaines basées en Afghanistan qui visait la "Province de Khorasan" », considérée comme la branche de l'État islamique (EI) pour l'Afghanistan et le Pakistan, a précisé le ministère américain de la Défense dans un communiqué.

Umar Khalifa a orchestré plusieurs attaques sanglantes au Pakistan dont celle contre une école militaire de Peshawar, en décembre 2014, dans laquelle plus de 130 enfants avaient été abattus, celle contre l'université de Bacha Khan en janvier (21 morts), et celle contre la base aérienne de Badaber en septembre 2015 (29 morts).

La frappe a été « menée conformément aux règles d'engagement des États-Unis en matière de contre-terrorisme », a précisé le Pentagone, qui rappelle avoir un « solide partenariat en matière de contre-terrorisme avec l'Afghanistan et le Pakistan ».

« Ce n'est que par une coopération continue que nous réussirons collectivement à éliminer les sanctuaires terroristes dans la région », a souligné le ministère américain.

Umar Khalifa était aussi connu sous les noms d'Umar Narai ou Khalid Khurasani, selon l'armée pakistanaise.

Le général américain qui commande les troupes de l'opération de l'OTAN « Resolute support » en Afghanistan, John W. Nicholson, a appelé le chef d'état-major pakistanais Raheel Sharif pour lui confirmer la mort de Khalifa, a indiqué sur Twitter un porte-parole de l'armée pakistanaise.

Les mouvements insurgés se sont développés au Pakistan après l'invasion de l'Afghanistan voisin par une coalition de pays menée par Washington en 2001, provoquant l'arrivée d'un flot de combattants talibans.

Sous la pression des États-Unis, l'armée pakistanaise a lancé une opération militaire en 2014 dans le but de débarrasser la région tribale du Nord Waziristan de ces combattants et de mettre fin à la violence dans le pays.