Les États-Unis espèrent avoir porté un coup significatif aux capacités d'action du groupe Etat islamique, qui vient de mener une attaque meurtrière en Europe, en éliminant le numéro 2 de l'organisation, Abdel Rahmane al-Qadouli.

L'élimination d'al-Qadouli va donner «un coup de frein aux capacités de l'EI à conduire des opérations en Irak et en Syrie, et à l'étranger», a estimé vendredi le secrétaire à la Défense Ashton Carter dans une conférence de presse au Pentagone.

Pour le haut responsable américain, le djihadiste, ancien d'Al-Qaïda, était «un des principaux responsables» de l'EI, «agissant comme leur ministre des Finances», et «responsable de plusieurs complots extérieurs» même s'il n'a pas de lien prouvé avec les attaques de Bruxelles perpétrées mardi.

«Nous éliminons systématiquement le cercle des dirigeants de l'EI» a souligné M. Carter, en indiquant que d'autres responsables de l'EI avaient été tués cette semaine.

Abdel Rahamane al-Qadouli avait été donné par certaines rumeurs comme un successeur éventuel du chef du groupe, Abou Bakr al-Baghdadi.

Le ministère américain de la Justice avait offert jusqu'à 7 millions de dollars pour des informations conduisant à cet homme. Cela faisait de lui le plus haut responsable du groupe après Baghdadi, qui «vaut» lui 10 millions de dollars.

«Il y a quelques mois, j'ai dit qu'on s'attaquerait à l'infrastructure financière de l'EI, on a commencé à frapper les sites de stockage d'argent liquide, et maintenant on se débarrasse de leurs leaders qui gèrent leurs finances», a expliqué Ashton Carter.

«Cela va atténuer leur capacité à payer et à engager des recrues», a expliqué le secrétaire américain à la Défense.

Il faut «éliminer cette idée qu'il peut y avoir un État islamique basé sur cette idéologie, avec une capitale à Raqa», a-t-il souligné.

Adjoint de Zarqaoui

Plus de 18 mois après le démarrage des frappes aériennes contre les djihadistes, la coalition a marqué des points sur le terrain. Les États-Unis estiment qu'environ 40% du terrain saisi par les djihadistes à leur apogée a été reconquis.

Les communications sont devenues difficiles pour eux entre leurs deux places fortes de Raqa en Syrie et de Mossoul en Irak. Les forces irakiennes préparent d'ailleurs la reconquête de Mossoul et les forces syriennes sont à nouveau dans Palmyre, la cité antique qui avait été prise par l'EI en mai 2015.

«Il y a beaucoup de raisons d'être optimiste pour les prochains mois, mais en aucun cas je ne dirais que nous avons réussi à briser les reins» des djihadistes, a résumé le général Joe Dunford, le chef d'état-major inter-armées, le plus haut gradé américain.

Al-Qadouli, proche de la soixantaine, était originaire de Mossoul. On ne connaissait pas son âge exact mais il était né, selon les sources, en 1957 ou en 1959.

Selon des sources de sécurité irakiennes, il aurait séjourné en Afghanistan à la fin des années 1990.

Selon des sources américaines il avait rejoint Al Qaïda en 2004 et était devenu un adjoint du redouté chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en 2006 par une frappe américaine de drone.

Il avait ensuite été emprisonné et avait rejoint le groupe État islamique embryonnaire en Syrie après sa libération en 2012.

Le chef djihadiste est le deuxième haut responsable de cette liste à être éliminé en moins d'un mois. Les États-Unis ont en effet annoncé la mort le 4 mars d'un autre cadre dirigeant de l'EI figurant sur cette liste, «Omar le Tchétchène».

Ce dernier, l'un des plus hauts responsables militaires de l'EI, a été tué dans un bombardement américain alors qu'il se trouvait dans la zone de Chaddadé, que les djihadistes ont perdu au profit des Forces démocratiques syriennes, un groupe allié des États-Unis.