Le ministre des Affaires étrangères kosovar, Hashim Thaçi, a déclaré jeudi à l'AFP avoir reçu en 2014 une lettre de «menace de mort» signée par le chef du groupe djihadiste État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, lorsqu'il était premier ministre du Kosovo.

«C'était une menace de mort contre ma famille et moi», a déclaré M. Thaçi, en ajoutant qu'«aucune menace» ne l'empêcherait de «revenir en arrière ou de renoncer» à la lutte contre l'extrémisme islamiste.

Un site d'informations kosovar a récemment publié le contenu de cette lettre de menaces reçue fin 2014 par M. Thaçi, assurant que l'homme politique avait été appelé par Baghdadi à renoncer à sa politique d'alignement sur l'Occident ou à s'exposer à la «grande vengeance».

Quelque 300 ressortissants du Kosovo (1,8 million d'habitants, essentiellement musulmans modérés) ont rejoint ces dernières années les rangs des djihadistes en Syrie et en Irak, selon le ministère kosovar de l'Intérieur. Une cinquantaine ont été tués et 120 sont rentrés dans leur pays.

Pour prévenir le recrutement de djihadistes, le Kosovo s'est doté en mars 2015 d'une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 15 ans de prison pour ses ressortissants qui partent combattre à l'étranger. Quelque 90 suspects, dont des recruteurs, ont été arrêtés depuis septembre 2014.

Lors d'une visite en décembre à Pristina, le secrétaire d'État américain John Kerry a loué l'«exemple» du Kosovo dans la lutte contre le recrutement des djihadistes, en exhortant toutefois les autorités locales à déployer «davantage» d'efforts.

«Ma vie avait été menacée par Milosevic (le défunt dirigeant serbe, NDLR) et maintenant par l'EI (...) C'est avec le même allié que j'ai gagné la bataille contre Milosevic que je vais gagner la bataille contre l'EI», a dit M. Thaçi, ancien chef de l'Armée de Libération du Kosovo (UCK) qui a combattu les forces serbes lors du conflit de 1998-1999.

Les forces serbes s'étaient retirées du Kosovo après les frappes aériennes de l'OTAN qui ont duré onze semaines. L'ancienne province serbe a unilatéralement proclamé en 2008 son indépendance, reconnue à ce jour par une centaine de pays, dont les États-Unis et la plupart des pays de l'Union européenne.