Au moins 70 personnes ont été tuées dimanche dans une triple explosion près d'un sanctuaire chiite dans la banlieue de Damas, un attentat revendiqué par le groupe État islamique (EI), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cet attentat intervient alors que des pourparlers sous l'égide de l'ONU tentent de trouver une issue au conflit syrien à Genève.

En fin de matinée, une voiture piégée a explosé devant un arrêt de bus à proximité du sanctuaire de Sayeda Zeinab, un haut lieu du chiisme qui abrite le mausolée de l'une des petites-filles du prophète Mahomet, a rapporté l'agence officielle Sana.

Deux kamikazes ont ensuite déclenché leurs ceintures d'explosifs au moment où des témoins se rassemblaient sur la scène, selon l'agence.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la triple explosion a causé la mort de 71 personnes, dont cinq enfants.

Les médias officiels syriens ont eux fait état d'un bilan d'au moins 50 morts et plus de 100 blessés.

Cette triple explosion a fait d'importants dégâts, creusant un cratère dans la chaussée et calcinant la façade d'un immeuble, a constaté un photographe de l'AFP. De la fumée s'échappait de dizaines de carcasses de voitures et d'un bus tandis que des ambulances évacuaient les blessés.

L'attentat, perpétré dans un secteur contrôle par le régime, a été rapidement revendiqué par l'EI dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. «Deux soldats du califat ont mené des opérations suicide dans un repaire d'infidèles dans la zone de Sayeda Zeinab», a indiqué l'organisation radicale sunnite.

Déjà prise pour cible

Les chiites sont régulièrement ciblés par les groupes djihadistes sunnites, notamment l'EI, qui considèrent les membres de cette communauté comme des hérétiques.

De nombreux pèlerins chiites en provenance d'Iran, d'Irak, du Golfe et du Liban se rendent quotidiennement en pèlerinage au sanctuaire de Sayeda Zeinab.

En février 2015, la mosquée avait déjà été la cible d'une attaque suicide qui avait fait quatre morts et 13 blessés. Ce même mois, une explosion avait visé un bus de pèlerins chiites libanais se rendant sur le site, tuant au moins neuf personnes dans une attaque revendiquée par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Immédiatement après l'attentat, les forces de sécurité ont bouclé le site tandis que des membres du groupe chiite libanais Hezbollah se déployaient dans le secteur, selon l'OSDH.

Le Hezbollah a envoyé en Syrie des combattants pour soutenir le régime du président syrien Bachar al-Assad après le soulèvement qui a débuté en mars 2011 avec des manifestations antigouvernementales.

Cet attentat survient au moment où des représentants du régime et de l'opposition se trouvent à Genève pour des négociations indirectes qu'organise l'ONU afin de tenter de mettre un terme à près de cinq ans d'une guerre sanglante.

Mais le processus paraît menacé avant même d'avoir commencé, les deux camps s'accusant mutuellement de mauvaise foi.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura s'est toutefois dit «optimiste et déterminé» à avancer dans la voie des négociations. «C'est une occasion historique qui ne doit pas nous échapper», a-t-il déclaré dimanche.

L'ONU a annoncé en fin de journée que les discussions reprendraient lundi, M. de Mistura devant rencontrer d'abord la délégation de Damas puis celle de l'opposition.

Le conflit syrien a fait plus de 260 000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes, plus de la moitié de la population du pays.